Chroniques d’une pandémie, Luxembourg, avril 2020
La crise sans précédent provoquée par la propagation du coronavirus nous atteint dans nos habitudes et nos modes de vie, notre utilisation des espaces et nos libertés si intangibles. Le Centre national de l’audiovisuel (CNA) a pour mission de documenter les changements majeurs touchant le Luxembourg. Dans ce contexte, et dans le but de promouvoir la création et de soutenir ses auteurs, le CNA a lancé une commande photographique pour témoigner de l’impact de la pandémie sur les environnements sociaux ainsi que sur les paysages urbains et naturels du Luxembourg. Ces « chroniques d’une pandémie » visent à rendre compte de situations et d’ambiances souvent insaisissables et irréelles.
L’objectif de cette mission est de documenter les transformations des paysages, l’arrêt des chantiers, la fermeture des commerces, des lieux de culture, de loisirs et touristiques, l’abandon des places publiques, la réduction du trafic routier et aérien ainsi que l’annulation des manifestations traditionnelles inscrites dans le calendrier annuel. Il s’agit également de porter un regard sur l’adaptation de populations entières confrontées à un contexte inédit, bouleversant à la fois leurs vies personnelles et professionnelles. Un corpus d’environ 600 images a ainsi intégré les archives du CNA constituant un reflet et une mémoire visuelle significative de cette période exceptionnelle.
Patrick Galbats, Romain Girtgen, Véronique Kolber, Andrés Lejona, Carole Melchior et Marc Schroeder ont été choisis par le CNA pour relever ce défi. Le CNA a proposé à chacun d’eux de couvrir une région spécifique du pays et ce, pendant trois semaines durant le mois d’avril, tout en leur donnant carte blanche à l’intérieur de cette feuille de route. Pour rester au plus près de l’actualité, une série de chaque photographe a été publiée toutes les semaines sur les réseaux sociaux du CNA à partir du 12 avril 2020. Six photographes, six approches photographiques différentes, six points de vue variés.
Patrick Galbats décrit l’installation d’un sentiment de douce euphorie face à la redécouverte du temps retrouvé dans les moments de la vie quotidienne en mode ralenti. L’amour au temps de la Covid-19, une suite d’images toutes prises pendant son confinement à Bruxelles, retrace un voyage intime, entre amour, angoisse et légèreté.
Romain Girtgen, photographe au CNA, a fait de Dudelange, d’Esch-sur-Alzette et du sud du Luxembourg son terrain d’investigation, qui lui a révélé des paysages urbains et naturels dans un tout nouvel état d’esprit : Investigateur dans le sud du Luxembourg. Confinement, avril 2020. Ce territoire si animé en temps normal était soudainement dépeuplé. Prendre des photos n’a pas été facile… il n’y avait personne ! On se croirait tous les jours un dimanche après-midi où les gens restent chez eux. Il part en vélo pour capter des rues désertes, l’attente, l’arrêt, les activités en plein air… et cette nouvelle manière de se rencontrer imposant une mise à distance de deux mètres et le port d’un masque.
Conduire dans sa voiture, seule, le long de la nationale 7, est devenu pour Véronique Kolber le fil rouge de sa mission photographique : On & Off the National 7. Procédant comme dans un road movie, la photographe cherche à exprimer son sentiment d’être libre de déambuler. Elle rend compte du vide des villes, villages et paysages ruraux tranquilles du nord du Luxembourg, poursuit la lumière des couchers et levers de soleil, et saisit ces moments ordinaires soudainement devenus étranges et inconnus.
Andrés Lejona se lance dans la réalisation d’un registre graphique des aspects actuels du territoire de la Moselle luxembourgeoise. Il se met à la recherche des changements provoqués par la pandémie : des commerces fermés, l’absence ou presque du trafic aérien, terrestre et fluvial, les salles des restaurants vides, la frontière avec l’Allemagne fermée, la stagnation des chantiers, la vie sociale et culturelle en stand-by… sans oublier ses clins d’œil et ses touches humoristiques qui surgissent tout au long de sa documentation mosellane La Moselle luxembourgeoise / Covid-19 / état des lieux, avril 2020.
Un tout autre décor s’offre à notre vue dans le travail L’instantané mobile de Carole Melchior. Géographiquement, elle s’est mise face au paysage et aux villages de l’ouest du Luxembourg, proches de la frontière avec la Belgique. Tout en dressant un état des lieux, cette déambulation devient pour elle une forme d’échappatoire à la solitude, au vide et à l’immobilité provoqués par le confinement. Puis la fuite se transforme en aventure lui permettant de sortir, d’observer, d’écouter et de sentir ce qui l’entoure.
Marc Schroeder, le seul à avoir choisi de photographier en noir et blanc, a déambulé entre le centre de la ville de Luxembourg et le Kirchberg. Sous le titre ambivalent de BREAK, sa série vise à raconter les conséquences économiques et sociales suite à la pandémie et questionne l’état de « pause » qui s’est installé dans nos vies quotidiennes depuis le début du confinement.
Une commande du Centre national de l’audiovisuel (CNA), 2020
Concept et suivi : Marguy Conzémius, Michèle Walerich
Archivage numérique : Myriam Kraemer
Communication : Anne-Laure Letellier, Marielle Kaufmann
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