Pour tous ceux qui ne l’auraient pas encore compris, si c’est gratuit, c’est que le produit c’est nous ! Nous, le carburant de l’économie des plates-formes numériques et des réseaux sociaux ! A chaque interaction avec notre smartphone, notre tablette, notre ordinateur, notre voiture ou n’importe lequel de nos objets connectés, nous produisons des données qui forment notre identité digitale mais qui font surtout la richesse de ceux qui les récoltent. Sous prétexte de gratuité d’usage, ils en savent plus sur nous que nous-mêmes. Plus grave sans doute, ils commencent à en savoir plus sur la société et la démocratie que les scientifiques et les politiciens. En vendant ces données dérobées quasi à notre insu à des « data brokers » qui les croisent, les analysent et les revendent, des algorithmes en tirent des données dérivées (politiques, sociales, religieuses, sexuelles…) permettant un profilage sophistiqué qui nous laisse sans défense face au marketing (on m’influence pour que je consomme), à la désinformation (on m’utilise à des fins politiques), au contrôle (on m’observe et on me connait intimement) voire à la répression (on punira bientôt mes comportements « non appropriés » comme c’est déjà le cas en Chine). Et, peu à peu, nous sommes enfermés dans des univers cognitifs où seules les informations susceptibles de nous plaire nous sont présentées, nous coupant de la réalité du monde et de sa diversité de pensée. En clair, l’enjeu c’est tout simplement notre liberté !
Le RGPD a placé quelques entraves sur le chemin, mais elles ont été bien vite contournées. La multiplication des scandales chez Facebook autour de l’utilisation de leurs données n’a pas l’air de dérouter outre mesure les usagers. Dans l’indifférence quasi-générale, nous acceptons sans trop nous poser de questions car les services que Google et consorts nous proposent gratuitement sont tellement pratiques et nous sommes déjà accros ! Mais l’abus est vraiment criant quand, pour nous livrer un service de première nécessité comme l’électricité ou les services bancaires, les fournisseurs (dans ce cas CREOS ou la BCEE) nous obligent à céder nos données sans que nous ayons vraiment le choix de refuser.
Reprendre le pouvoir
Le débat mondial sur la propriété des données est pourtant bel et bien entamé. En Californie, le nouveau gouverneur a lancé l’idée d’un dividende numérique que les entreprises digitales devraient reverser aux consommateurs pour la fourniture de leurs données personnelles. Le CEO de BlackBerry a déclaré récemment à un journal français que nous devrions tous être propriétaires de nos données individuelles et avoir le choix de les monétiser ou d’en tirer parti, donc plutôt qu’un dividende, recevoir une rémunération dans le cadre d’un engagement contractuel. Autre piste originale, une initiative qui veut redonner à chacun le contrôle de sa vie numérique, myCo, a été lancée en France en juillet dernier. Cette coopérative à laquelle on peut adhérer pour 10 € propose un navigateur sécurisé pour surfer anonymement sur le web. Un tableau de bord personnel permet à chaque usager de choisir site par site quelles données il veut partager et avec qui, et même recevoir une rémunération pour la valeur créée. Les données ainsi ouvertes peuvent être valorisées et exploitées pour les causes publiques ou les entreprises sélectionnées par un comité stratégique. Le Luxembourg qui mise beaucoup sur la création d’un écosystème dynamique autour des données pourrait s’inspirer de ce modèle. Le pays a massivement investi dans les infrastructures numériques, il a mis au point une stratégie « Open data » où les données publiques, anonymisées, sont accessibles aux acteurs qui voudraient les exploiter à des fins scientifiques ou commerciales. Mais concernant nos données privées, il pourrait ainsi être le premier pays à nous permettre d’avoir le choix. En somme, une vraie révolution numérique… F.L-B (@f_lavabre)
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