La fin du travail est-elle pour demain ?
Dans une économie luxembourgeoise où la menace majeure semble être le manque de compétences disponibles pour qu’elle puisse continuer à fonctionner de manière exponentielle, l’idée que le travail tel que nous le connaissons pourrait disparaitre n’a pas l’air bien réelle. Depuis 2013 et le rapport de deux chercheurs d’Oxford, Frey et Osborne, estimant à 47% le nombre d’emplois présentant un fort risque d’automatisation, l’idée que la numérisation de l’économie allait opérer de grands bouleversements sur le marché du travail est entrée dans les consciences. Si la révolution digitale a changé beaucoup de choses, la révolution de l’intelligence artificielle (IA) est d’une autre nature. Les nouvelles techniques d’apprentissage statistiques et de deep learning permettent à des « automates » de réaliser des tâches jusqu’alors réservées aux humains car à haute valeur ajoutée. Des avocats aux médecins en passant par les journalistes, toutes les professions intellectuelles verront bientôt un nombre plus ou moins important de leurs tâches réalisées par des algorithmes. Jusqu’ici, les révolutions technologiques qui, dans une première phase, détruisaient des emplois, en créaient de nouveaux en plus grand nombre dans la foulée (la fameuse « destruction créatrice » théorisée par l’économiste Joseph Schumpeter). Vu l’évolution fulgurante des changements auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, cette vision optimiste du développement économique ne va peut-être plus se vérifier.
Un défi pour le Luxembourg
L’économie luxembourgeoise pourrait être très impactée par ces changements. La place financière, qui compte pour plus de 35% du PIB du pays (fonds d’investissement, banques, assurances) et comporte beaucoup d’emplois administratifs, serait touchée de plein fouet. Tout autour d’elle gravite un nombre important de cabinets d’avocat, de sociétés d’audit et de conseil, de prestataires de services directement concernés par l’IA. Si le nombre de salariés de cet écosystème régresse fortement, beaucoup d’emplois indirects seront également fragilisés : restaurants, commerces, services… L’industrie, même si elle ne pèse plus chez nous que 7% du PIB, est aussi en première ligne de la révolution des robots intelligents : c’est l’usine 4.0. Et comment penser que le secteur public pourrait ne pas être concerné par la transformation en cours ?
La réduction drastique du nombre de frontaliers et d’expatriés qui s’ensuivrait aurait comme effet de résoudre certains problèmes logistiques et de mobilité, mais cela réduirait d’autant les recettes fiscales, les cotisations retraite, l’équilibre de la Caisse Nationale de Santé (elle aussi financée par les cotisations des actifs). On pourrait bien sûr taxer les robots et instaurer un revenu universel garanti pour tous. Mais celui-ci ne serait certainement pas à la hauteur des salaires que nous connaissons aujourd’hui au Grand-Duché.
Les GAFAM ont inventé une autre économie, créant peu d’emplois et bouleversant des secteurs entiers. Leur modèle repose sur une accumulation massive de données personnelles, mais ils gardent cet énorme pactole pour eux. Des voix s’élèvent pour rendre aux citoyens la propriété de ces données qu’ils produisent à chacune de leurs interactions sur internet et sur les réseaux sociaux. Chacun de nous pourrait alors décider d’en tirer profit et les monnayer à son gré. Dans la société de divertissement dans laquelle nous sommes entrés de plain-pied, s’il n’y a plus assez de travail pour tous, pourquoi ne pas être payé pour ses loisirs ? Panem, data et circenses… F.L-B (@f_lavabre)
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