- Geschichte, NATO
L’engagement du Luxembourg dans le cadre de l’OTAN et au profit de l’armée américaine
Après la Seconde Guerre mondiale, le Luxembourg décida d’abandonner sa neutralité. Il fera désormais partie de l’alliance militaire qui vit le jour en 1949 suite au traité de l’Atlantique du Nord. Le Luxembourg héberge encore aujourd’hui d’importants dépôts d’armes pour les forces de l’OTAN et des États-Unis. En 1968 s’installa à Capellen la NATO Maintenance and Supply Agency (NAMSA), le centre logistique de l’OTAN. La NAMSA – qui s’appelle depuis 2012 NSPA (NATO Support and Procurement Agency) – a notamment comme mission l’acquisition, le stockage et la maintenance des armes de l’OTAN. Par ailleurs, un data center situé à Betzdorf a été mis à la disposition de la NSPA en 2016 pour une durée provisoire de 5 ans. Ce centre de données est géré par la société EBRC, une filiale de POST.
Outre les services de stockage d’armes et de données, le Grand-Duché offre aussi à l’OTAN une assistance précieuse en matière d’aviation militaire. Ainsi, tous les 17 avions de surveillance AWACS appartenant à l’OTAN sont immatriculés au Luxembourg et portent sur leur dérive l’emblème luxembourgeois représentant le lion rouge. En outre, tant en temps de guerre qu’en temps de paix, l’aéroport du Findel est mis à la disposition de l’OTAN et serait même réservé aux opérations de l’organisation transatlantique en cas de conflit. Selon des documents datant de 2007 et 2008 divulgués par Wikileaks, un haut fonctionnaire du gouvernement aurait même assuré aux États-Unis que la signature des traités d’Ottawa, qui interdit «[d’]employer, mettre au point, produire, acquérir, stocker, conserver ou transférer à quiconque des mines antipersonnel», n’aurait pas de répercussions sur le transbordement d’armes à sous-munitions pour le compte de l’OTAN.
La contribution luxembourgeoise la plus importante à l’aviation de l’OTAN reste néanmoins son assistance satellitaire. En octobre 2014, le gouvernement grand-ducal annonça la création de la société LuxGovSat en partenariat public-privé entre le gouvernement luxembourgeois et l’opérateur luxembourgeois de satellites SES. La société est en charge de l’exploitation du satellite de communication militaire SES-16/GovSat, qui couvrira l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient et qui, dans un premier temps, sera mis à la disposition des pays membres de l’OTAN ainsi que de l’Union européenne et des Nations Unies. Deux ans plus tard, le gouvernement luxembourgeois décida de réserver des capacités satellitaires fournies par LuxGovSat pour le programme militaire AGS (Alliance Ground Surveillance) de l’OTAN. Ce programme, auquel le Grand-Duché participe depuis 2012, a pour but la surveillance terrestre à travers l’exploitation de drones d’observation Global Hawk. Tandis que le programme AGS utiliserait en principe des drones non-armés, la SES aurait, selon le Luxemburger Wort, aussi mis à disposition des États-Unis ses services pour des opérations avec des drones d’abattage.
Tout comme pour l’OTAN, le Grand-Duché constitue un partenaire militaire important pour l’armée américaine. En décembre 1978 le Luxembourg et les États-Unis signèrent un «Memorandum of Understanding» qui ouvrit le chemin à la construction de deux dépôts militaires américains au Grand-Duché: un premier entre Bettembourg et Dudelange, qui ferma ses portes en 2006 pour être transformé en centre logistique Eurohub, et un deuxième à Sanem, qui existe toujours. La Central Regional Storage Facility à Sanem est supervisée par une agence gouvernementale nommée WSA (Warehouse Services Agency). Pendant la cérémonie du 30e anniversaire de la WSA, l’ambassadrice américaine au Luxembourg Ann Wagner souligna l’importance du dépôt à Sanem pour l’armée des États-Unis, où seraient stockés 85 pourcent du matériel de guerre de la US Air Force en Europe (USAFE). Les guerres livréees par les États-Unis, telles que la guerre d’Afghanistan ou d’Irak, ont ainsi en quelque sorte aussi eu lieu au Grand-Duché. Vraisemblablement, les Luxembourgeois ne se réjouissaient pas tous de cette présence militaire américaine au Luxembourg. En février 1987, des ouvriers du site avaient dû constater que 40 des 400 tanks militaires M-60 étaient sévèrement endommagés. Tandis que le gouvernement luxembourgeois blâma la mauvaise gestion pour ces dégâts, les officiels américains soupçonnèrent plutôt un acte de vandalisme intentionnel.
Mohamed Hamdi
“AWACS: NATO’s eyes in the sky”, NATO publication, 2007. http:// www.nato.int/nato_static/assets/pdf/pdf_publications/20120103_ awacs-e.pdf
Voir: Question parlementaire N°0576 de Monsieur Justin Turpel concernant Obligations du Luxembourg envers l’OTAN en ce qui concerne l’Aéroport de Luxembourg (Q-2013-U-E-0576-01) et réponse du ministre de la Défense (Q-2013-U-E-0576-02).
Voir: Question parlementaire N°1647 de Monsieur André Hoffmann concernant Transbordement ou stockage de bombes à sousmunitions à l’aéroport de Luxembourg (Q-2010-O-E-1647-01) et réponse du ministre des Affaires étrangères et du ministre de la Justice (Q-2010-O-E-1647-02).
“Das Geschäft mit den Militärdrohnen”, Luxemburger Wort, 12 décembre 2016. https://www.wort.lu/de/business/sesgovernment-solutions-das-geschaeft-mit-den-militaerdrohnen584e7b6d5061e01abe83d9ef
http://www.ramstein.af.mil/News/Article-Display/Article/305110/ wsa-in-sanem-luxembourg-celebrates-30th-anniversary/
“U.S. Tanks sabotaged? Luxembourg shaken”, New York Times, 11 février 1987. http://www.nytimes.com/1987/02/11/world/us-tankssabotaged-luxembourg-shaken.html?mcubz=3
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