- Gesellschaft
Postcolonialité et l’énigme portugaise
La diversité des migrations lusophones au Luxembourg
Cet article historise la migration dite lusophone au Luxembourg et favorise une compréhension critique de ce schéma migratoire qui est imbriqué avec le colonialisme. Il cherche également à discuter des interactions quotidiennes des migrants lusophones au carrefour des défis telles que la citoyenneté, la langue et la race.
Il est important de noter qu’au cours du XIXe siècle et jusqu’à la Première Guerre mondiale, de nombreux émigrés luxembourgeois ont tenté leur chance sur le continent américain, notamment aux Etats-Unis, au Brésil et en Argentine, pour échapper à la misère. Cependant, de nos jours, le Luxembourg est devenu essentiellement un pays d’immigration, dans lequel les Portugais forment le plus grand groupe de migrants. Les données officielles du Statec (de 2020) indiquent que 16 % de la population résidente au Grand-Duché du Luxembourg possède un passeport portugais. En effet, ce petit Etat au cœur de l’Europe est le pays qui accueille le pourcentage le plus élevé de migrants ayant la nationalité portugaise en Europe. Pourtant, ces migrants dits portugais ne sont pas seulement originaires du Portugal, mais également de plusieurs pays de langue officielle portugaise formant une intéressante matrice coloniale luso-afro-brésilienne de (re)rencontres d’individus historiquement liés par le colonialisme portugais. La catégorie des « lusophones1 » est donc hétérogène. Cette hétérogénéité se manifeste aussi bien dans les trajectoires que dans les expériences de ces migrants au Luxembourg, un pays trilingue qui se situe aux « marges coloniales ».

© Shutterstock / Ivan Bruno de M
Malgré les recherches impliquant les migrants portugais dans différents aspects de leur présence au Luxembourg et suggérant l’existence d’un « marché lusophone », il y a un manque d’études visant à élucider la réalité de ce groupe. L’arrivée des Portugais dans les années 1960 montre que le colonialisme est forcément à l’origine de la migration lusophone au Luxembourg. En effet, de nombreux migrants portugais arrivent au Luxembourg pour échapper à la guerre menée pour l’indépendance des anciennes colonies en Afrique. Néanmoins, la recherche actuelle n’a pas examiné en profondeur les relations entre les groupes ou les individus des anciens pays colonisateurs et colonisés. Surtout pour ce qui est des relations développées lorsqu’ils se retrouvent tous en position de migrant, quoique dans un troisième (nouvel) espace, en dehors des pays lusophones. En conséquence, nous ne savons pas grand-chose de la manière dont les liens coloniaux passés et les histoires asymétriques affectent les trajectoires sociales et professionnelles de ces migrants, reproduisent d’anciens fonctionnements et compétitions ou ouvrent la voie à de nouveaux types de solidarité lorsque différents groupes d’individus qui partagent un passé colonial, l’espoir commun d’un avenir meilleur, mais des positions historiques assez différentes dans un third space2. Ainsi, dans une approche sociolinguistique, ethnographique et postcoloniale, le projet « Disentangling postcolonial encounters in globalisation » (DisPOSEG) cherche à disentangle (éclaircir) la complexité de cette migration et de ce groupe souvent perçu comme homogène.
Historiciser les présences lusophones au Luxembourg
Il y a un consensus historique sur le fait que la présence lusophone au Luxembourg a commencé avec l’arrivée des Portugais. On estime que la migration portugaise a gagné du terrain vers la fin des années 1950, lorsque les travailleurs italiens immigrés ont commencé à quitter le Luxembourg pour d’autres pays ou pour retourner en Italie3. Afin de combler la pénurie de main-d’œuvre dans le pays, le gouvernement luxembourgeois a signé des contrats de travail (guest workers) avec le Portugal, permettant par la suite le regroupement familial des migrants à partir des années 1960. Or, ce qui peut être intéressant à éclaircir, c’est la diversité et l’hétérogénéité de ce groupe d’individus originaires du Portugal, mais également de ses anciennes colonies en Afrique et du Brésil. En raisonnant statistiquement, il y a environ 100 000 citoyens portugais au Grand-Duché selon le Statec. Bien que ce chiffre soit pertinent pour nous donner un aperçu éclairé de la présence de migrants portugais au Luxembourg, il se révèle tout de même incohérent en termes de présence lusophone, car il ne rend pas compte de manière réaliste de toutes les nuances de détention de la citoyenneté.
En réalité, tous ceux qui détiennent la nationalité portugaise ne sont pas forcément d’origine portugaise.
En réalité, tous ceux qui détiennent la nationalité portugaise ne sont pas forcément d’origine portugaise. En d’autres mots, il ne s’agit pas nécessairement de Portugais blancs. La forte présence de Capverdiens, de Bissao-Guinéens ou de Brésiliens au Luxembourg est principalement le résultat de leurs stratégies de remigration depuis le Portugal et/ou d’autres pays européens, après avoir obtenu la citoyenneté de ces Etats européens4. Comme mentionné précédemment, plusieurs chercheurs postulent que ce flux migratoire vers le Luxembourg a commencé par des Portugais qui tentaient d’améliorer leurs vies en échappant au régime de Salazar d’Estado Novo – qui a duré de 1926 à 1974, avec les guerres d’indépendance des colonies portugaises en Afrique5. De plus, il est important de noter que plusieurs migrants portugais au Luxembourg ont fait l’expérience de cette guerre, car ils vivaient dans les colonies africaines, notamment en Angola et au Mozambique. Suite à leur bref passage par le Portugal, ces anciens colons, nommés retornados6, sont accueillis avec une certaine hostilité par la société portugaise, qui supposait qu’ils étaient corrompus par les coutumes « décivilisées » des Africains. Par conséquent, ces retornados (ré)émigrent vers le Luxembourg et d’autres pays européens comme par exemple la Suisse. Cela renforce l’idée d’une énigme postcoloniale tenant compte de la diversité historique qui existe au sein du groupe lusophone et qui, en quelque sorte, a été négligée par les recherches existantes.
Une présence ancrée dans l’intersection entre la citoyenneté et la race
Afin de donner un aperçu du ebb and flow de la présence luso-afro-brésilienne au Luxembourg, il est crucial de prendre en compte l’intersection durable entre la citoyenneté et la race dans le processus de cette présence. Car, comme on le verra ci-dessous, elle a longtemps été traitée au carrefour de la race et de la citoyenneté, tant dans le système colonial que dans la (re)migration lusophone contemporaine vers le Luxembourg.
Citoyenneté, race et colonialisme portugais
En ce qui concerne le rapport entre le Portugal colonial et ses colonies africaines de l’époque, les actes de séparation et de catégorisation ne se sont pas construits uniquement entre les Portugais en tant que colonisateurs et les Africains en tant que colonisés. Les individus des colonies africaines avaient un statut de citoyenneté différent. Par exemple, les élites capverdiennes servaient d’administrateurs et étaient souvent considérées comme des colonisateurs par procuration pour les Portugais en Guinée-Bissau, en Angola et au Mozambique7. Le statut privilégié des Capverdiens a été établi selon la hiérarchie raciale de l’empire colonial. Cette hiérarchie était basée sur les caractéristiques phénotypiques des Capverdiens, qui étaient en général des métisses (mestiço), c’est-à-dire d’origine mixte africaine et européenne8, ayant en général une peau plus claire que les individus des autres colonies portugaises de l’Afrique continentale à cette époque. Ainsi, bien qu’il s’agisse d’un processus mystificateur et d’une tactique à la convenance des autorités coloniales portugaises, les Capverdiens étaient catégorisés par le régime comme des citoyens, tandis que les Angolais, les Mozambicains et les Bissao-Guinéens avaient le statut d’indigènes, considérés moins intelligents et moins civilisés. Tant au niveau des Etats qu’au niveau de l’individu, la manière dont les individus des anciens pays colonisés et de l’ancien pays colonisateur se perçoivent à l’ère dite de la mondialisation est encore influencée par ce regard et ces différences coloniales9. Cela se reproduit généralement dans les interactions sociales, professionnelles et linguistiques. Ces statuts coloniaux différenciés produisent des effets interactionnels complexes entre les Capverdiens et les lusophones de l’Afrique continentale. Dans une certaine mesure, ces différenciations sont toujours présentes dans leurs rencontres dans les pays lusophones et au-delà de ces frontières, notamment dans les pays d’immigration qu’ils partagent.
Citoyenneté, race et migration lusophone au Luxembourg
Pour ce qui est des migrants africains ou plus précisément les « Africains lusophones » au Luxembourg, on peut automatiquement les rattacher à la migration capverdienne. En effet, les Capverdiens représentent le premier et le plus grand groupe de migrants africains au Grand-Duché. Cette migration a été entamée par les Capverdiens qui ont suivi le flux migratoire portugais dans les années 196010 11. Comme expliqué plus haut, à cette époque, ils avaient la nationalité portugaise. Néanmoins, les Capverdiens ont été accueillis avec mécontentement au Luxembourg. Cela a conduit à des révisions des accords de Gastarbeiter (travailleurs invités) entre le gouvernement fasciste portugais et le Luxembourg, ceci dans l’intention d’arrêter les Capverdiens. Il a été stipulé dans l’accord révisé qu’ils n’autorisaient que le « Portugais de souche12 » (c.-à-d. le Portugais blanc européen). A ce stade, il a été précisé que la race et l’ethnicité étaient des éléments clés de la migration. Après cela, les Capverdiens ont continué à venir, mais via le regroupement familial ou en traversant les frontières en secret. Bien que leur citoyenneté portugaise, mentionnée plus haut, ait été vaguement définie, cela a eu dans une certaine mesure un impact sur leur migration au Luxembourg. Par rapport aux lusophones originaires d’Afrique continentale, leur présence au Luxembourg s’inscrit surtout dans la crise économique de 2008 qui a contribué à leur (ré)émigration depuis le Portugal. Cependant, notre travail ethnographique sur le terrain suggère que le retard de cette émigration par rapport à l’arrivée des Capverdiens au Luxembourg s’explique par leur statut d’indigène, qui limitait leur accès à la métropole.
Les Capverdiens ont été accueillis avec mécontentement au Luxembourg.
Pour ce qui est des Brésiliens, il est primordial de souligner que leur présence au Luxembourg est due premièrement à un processus de (ré)émigration similaire à celui des lusophones africains mentionnés ci-dessus. Deuxièmement, elle est liée à la migration historique des Luxembourgeois vers le Brésil dans les années 1900, ce qui a poussé à une mobilité plus récente des Brésiliens vers le Luxembourg13. De même, la migration de ces Luxembourgeois vers le Brésil est étroitement liée à la création (en 1921) et au développement de la Companhia Siderúrgica Belgo Mineira(CSBM), filiale du sidérurgiste luxembourgeois Aciéries réunies de Burbach-Eich-Dudelange (ARBED). Ils se sont principalement installés dans l’Etat de Minas Gerais (Brésil) pour développer la sidérurgie luxembourgeoise pionnière14.
Ces dernières années, avec la modification de la loi sur la nationalité du 8 mars 2017 au Luxembourg, les descendants de ces Luxembourgeois ont demandé et obtenu la nationalité luxembourgeoise via la « procédure de recouvrement », en prouvant qu’ils étaient « descendants maternels ou paternels directs d’un ancêtre qui possédait la nationalité luxembourgeoise au 1er janvier 190015 ». Dans une certaine mesure, cette partie de la mobilité brésilienne récente est basée sur la question raciale une fois qu’ils acquièrent une citoyenneté luxembourgeoise fast-track par le lien ius sanguinis. Par conséquent, ces « nouveaux Luxembourgeois » d’origine brésilienne viennent ajouter une couche à la complexité des trajectoires lusophones au Luxembourg. Bien que ces Brésiliens-Luxembourgeois n’aient pas à faire face aux problèmes de régularisation auxquels sont confrontés d’autres migrants (lusophones) non européens, ils partagent cependant d’autres luttes telles que la langue, la reconnaissance des diplômes, etc. Mis à part cela, la migration directe des pays lusophones du Brésil et des anciennes colonies portugaises africaines vers le Luxembourg est rare et ce régime se resserre de jour en jour.
Un bref aperçu sur l’interaction des lusophones au Luxembourg
En guise de conclusion et pour donner un aperçu des données recueillies dans le cadre du DisPOSEG, on peut affirmer que les clivages et les complicités historiques ont encore une influence sur l’interaction des lusophones. Nos observations en cours sur le terrain suggèrent qu’il y a plus de proximité et d’interactions entre les Portugais et les Capverdiens dans certains endroits du Luxembourg, corroborant ainsi l’ancienne proximité historique évoquée précédemment. En termes de hiérarchies au travail, il y a une tendance à la reproduction des modèles coloniaux, mais en même temps, on peut observer une certaine réversion de cette hiérarchie coloniale au Luxembourg, qui est souvent liée aux questions linguistiques. Le terrain nous montre aussi l’existence de ce que Maldonado-Torres appelle coloniality of being16dans les rapports entre les différents lusophones dans les contextes sociaux et du travail. C’est-à-dire que leur interaction est souvent marquée par des frictions qui résultent de l’intériorisation d’une supériorité et d’une infériorité qui surviennent dans les rapports raciaux colonialistes.
En termes de hiérarchies au travail, il y a une tendance à la reproduction des modèles coloniaux.
Sans tenir compte de l’hétérogénéité qui règne au sein du groupe lusophone au Grand-Duché, certains chercheurs ont déjà noté que ces migrants constituent une partie importante de la main-d’œuvre au Luxembourg. Cela les amène à parler d’une « lusofication » partielle du Luxembourg17, où ces lusophones partagent des lieux de travail et souvent aussi la nationalité portugaise. Considérant la diversité et la complexité de cette migration, comprendre l’histoire et le passé colonial nous aidera à avoir une connaissance solide des interactions lusophones ainsi que de leurs spécificités et défis sociolinguistiques importants en tant que migrants au Luxembourg.
1 Par lusophone, nous nous référons à des individus originaires de pays de langue officielle portugaise (anciennes colonies portugaises).
2 Homi K. BHABHA, The Location of Culture, New York, Routledge, 1994.
3 Denis SCUTO, « Histoire des immigrations au Luxembourg (XIXe-XXIe siècles) », dans OGBL, 25e anniversaire du Département des Immigrés – 25 ans d’action pour l’immigration, 1985-2010, p. 12-38.
4 Sonia PEREIRA, « Immigrant workers’ (im)mobilities and their re-migration strategies », dans Employee Relations, vol. 34, n° 6, 2012, p. 642-657.
5 Thierry HINGER, « La Révolution des Œillets et l’immigration portugaise au Luxembourg : Analyse de la presse écrite immigrée lusophone du Luxembourg (25 avril 1974-25 avril 1975) », dans Migrance, vol. 43, 2014, p. 57-70.
6 Les retornados sont essentiellement des colons portugais qui vivaient dans les anciennes colonies africaines, notamment l’Angola et le Mozambique, pendant la période coloniale et qui sont retournés au Portugal après la libération de ces colonies.
7 Deirdre MEINTEL, Race, Culture, and Portuguese Colonialism in Cabo Verde, Syracuse N.Y. : Maxwell School of Citizenship and Public Affairs, Syracuse University, Syracuse University, 1984.
8 Patrícia FERRAZ DE MATOS, The Colours of the Empire: Racialized Representations during Portuguese Colonialism, New York, Berghahn Books, 2013.
9 Bernardino CARDOSO TAVARES, Cape Verdean Migration Trajectories into Luxembourg: A Multisited Sociolinguistic Investigation, Esch-Belval, University of Luxembourg, 2018.
10 Annick JACOBS, Altay MANÇO et Frédéric MERTZ, « Diaspora capverdienne au Luxembourg : Panorama socio-économique, rôles dans les mouvements migratoires et solidarité avec le pays d’origine », dans Recherche Etude Documentation (RED), n° 21, 2017.
11 Charles LAPLANCHE et Michel VANDERKAM, Di nos: nous, les Capverdiens au Luxembourg, Dudelange, Centre national de l’audiovisuel, 1991.
12 Ibid. p. 38.
13 Adolfo SOMMARRIBAS, Ralph PETRY et Birte NIENABER,
Pathway to citizenship for third-country nationals in Luxembourg, Luxembourg, EMN Luxembourg, 2019.
14 Irma HADZALIC, « Transatlantic Iron Connections: Education, Emotion, and the Making of a Productive Workforce in Minas Gerais, Brazil (ca. 1910-1960) », dans Fabricating Modern Societies: Education, Bodies, and Minds in the Age of Steel, vol. 37, 2019, p. 193-218.
15 cf. SOMMARRIBAS, PETRY et NIENABER.
16 Nelson MALDONADO-TORRES, « On the coloniality of being: Contributions to the development of a concept », dans Cultural Studies, vol. 21, n° 2-3, 2007, p. 240-270.
17 Aline SCHILTZ, « Distances réelles, distances perçues. L’espace social transnational luso-luxembourgeois : un exemple de ce que l’Europe est aussi », dans Forum, n° 363, 2016, p. 14-16.
Aleida Vieira est née au Cap-Vert et a grandi au Portugal, où elle a commencé à s’intéresser aux questions de migration et de justice sociale au cours de sa formation en journalisme. Elle est titulaire d’un baccalauréat en sciences du langage de l’université de Lisbonne et a obtenu son master en Engineering of Mediation à l’Université du Luxembourg. Aleida Vieira est médiatrice familiale, juridique, civile et commerciale depuis 2019. Elle a rejoint plusieurs associations sans but lucratif axées sur les familles et les jeunes issus de l’immigration. Actuellement, elle travaille en tant que spécialiste de la recherche et du développement pour le projet DisPOSEG à l’Université du Luxembourg.
Bernardino Tavares, né au Cap-Vert, a obtenu en 2012 un master en études anglo-américaines à l’université de Coimbra au Portugal. Il a obtenu son doctorat en sciences du langage en 2018, avec une spécialisation sur la sociolinguistique des trajectoires migratoires capverdiennes au Luxembourg, dans le cadre du projet junior STAR du FNR CORE à l’Université du Luxembourg. Il est un sociolinguiste engagé dans une approche postcoloniale et ethnographique de son travail. Il a fait des recherches sur la langue, les inégalités et les mobilités dans et entre le Sud global et l’Europe. En 2019, il a reçu la Swiss Government Excellence Scholarship en tant que cher- cheur postdoctoral à l’université de Fribourg (Suisse). Depuis 2021, il est chercheur et chercheur principal au sein du projet DisPOSEG à l’Université du Luxembourg.
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