Que faire? | Fluide glacial…

«La vie privée pourrait être en réalité une anomalie». Cette citation de Vinton Cerf, considéré comme l’un des inventeurs d’Internet et devenu en 2005 Chief Internet Evangelist chez Google (il a même reçu depuis la Légion d’honneur), désigne crument ce que nous feignons d’ignorer encore mais que nous ressentons déjà confusément. Notre comportement en ligne et les traces générées par nos objets connectés peuvent avoir un impact très concret sur notre vie: recrutement influencé par notre e-réputation, tarifs d’assurance liés à nos comportements et données de santé, prêts bancaires en fonction de notre profil Facebook, n’en sont que les exemples les plus innocents… Le gouvernement chinois va en effet déjà bien plus loin. Il a annoncé l’année dernière vouloir mettre en place d’ici 2020 un «système de crédit social» qui collectera sur internet un maximum de données sur ses citoyens afin de leur donner une «note de confiance» évaluant à quel degré ils se sont bien comportés. Les mieux notés auront un accès facilité aux services étatiques et aux permis de voyage à l’étranger par exemple. En re-vanche, les sanctions prévues pour les mauvais élèves pourront être sévères. C’est donc un algorithme qui déterminera à l’avenir la place de chacun dans la société. Même les entreprises seront concernées.

Le Social Cooling ou relire 1984

Déjà, partout dans le monde, les «data brokers» croisent, analysent et revendent les données obtenues à partir des traces que nous laissons. Des algorithmes en tirent des données dérivées (politiques, sociales, religieuses, sexuelles…) déduites ou même extrapolées de nos comportements sur le net. Ce qui peut nous pousser, imperceptiblement, à modifier nos attitudes… Le chercheur néerlandais Tijmen Schep, critique des technologies et «ingénieur de la vie privée», a récemment théorisé le concept de «social cooling», un refroidissement social qui se traduit par une forme de normalisation forcée au sein d’une société où «l’autocensure et la peur du risque sont la nouvelle norme». Sachant que nous sommes de plus en plus observés et évalués, nos comportements changent. Nous devenons plus prudents dans nos interactions et dans ce que nous laissons voir de nous. Nous avons aussi tendance à aligner nos attitudes sur ce que l’on attend de nous ou sur ce qui est «politiquement correct». Au risque même que toute la société ne se «gèle»… Pour Tijmen Schep, les grandes questions qui se posent à nous aujourd’hui sont tout aussi bien économiques, sociétales que philosophiques: Des points de vue minoritaires pourront-ils encore émerger? Allons-nous affaiblir notre capacité à être créatif? Et finalement, être libre a-t-il un sens dans un monde où la surveillance est le modèle économique dominant?

Consulter absolument le site de Tijmen Schep : en français www.socialcooling.fr ou en anglais www.socialcooling.com et sur Twitter @tijmeschep

Als partizipative Debattenzeitschrift und Diskussionsplattform, treten wir für den freien Zugang zu unseren Veröffentlichungen ein, sind jedoch als Verein ohne Gewinnzweck (ASBL) auf Unterstützung angewiesen.

Sie können uns auf direktem Wege eine kleine Spende über folgenden Code zukommen lassen, für größere Unterstützung, schauen Sie doch gerne in der passenden Rubrik vorbei. Wir freuen uns über Ihre Spende!

Spenden QR Code