Le QI des robots dépassera celui des humains d’ici 2030… Grâce au deep learning, l’intelligence artificielle, l’IA, peut déjà aujourd’hui apprendre seule. Et bientôt, les robots pourront aussi innover seuls. Le voulons-nous vraiment? Quel impact sur l’humanité, sa liberté, sa sécurité, son avenir ?
Gaspard Koenig, philosophe et président du think tank GenerationLibre, est revenu de la Silicon Valley hanté par un énorme doute: les gourous de la tech pensent-ils vraiment? Au cours de son périple et de ses multiples rencontres, il n’a trouvé aucune référence au moindre auteur, philosophe ou concept antérieur au XXIème siècle. Ces révolutionnaires dont le mantra est de changer le monde sont-ils capables de se poser des questions métaphysiques sur la révolution en cours ? Et nous, quel rôle y jouons-nous autre que celui de simple consommateur? Un autre facteur m’interpelle personnellement, qui ajoute une ombre supplémentaire sur ce futur qui vient. L’impérialisme masculin qui règne dans la high-tech (seulement 16% des postes «tech» chez Facebook, 17% chez Microsoft, 23% chez Apple sont occupés par des femmes) frise la misogynie. L’ingénieur de Google James Damore, dans un mémo interne sur la diversité qui a fait scandale au mois d’août dernier affirmait que «la répartition des préférences et des capacités des hommes et des femmes diffèrent notamment par des causes biologiques et que ces différences peuvent expliquer pourquoi on ne voit pas de représentation égale des femmes dans la technologie et le leadership». Dans ces conditions, sur quoi cette révolution pensée par ce genre de geeks peut-elle déboucher ?
Un combat politique pour nos valeurs
Au train où vont les choses, il est urgent de construire les bases sur lesquelles cette nouvelle ère qu’ouvre l’humanité va se construire. Comme un petit humain reçoit, par sa famille et à l’école, une éducation qui lui enseigne les valeurs et les principes fondamentaux qui lui permettront de gérer ses émotions, de vivre avec les autres et de comprendre le monde, il est crucial d’inculquer à l’intelligence artificielle ces valeurs qui fondent notre société. Nous, citoyen(ne)s européen(ne)s nourri(e)s à la culture classique, nous devons nous interroger, collectivement mais aussi personnellement, sur ces technologies que nous adoptons si volontiers, ces outils si sexy que nous utilisons, ce que leur usage peut avoir comme conséquence pour notre société. Nous devons forcer nos politiciens à aborder ces questions, à encadrer le débat, à instaurer des limites claires à l’IA à travers la réglementation. Et, nous devons aussi poser ouvertement la question de savoir si cette IA sera (seulement) masculine. Regardons le futur dans les yeux. Pas de science sans conscience. Pas de futur sans diversité.
F.L-B
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