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«Une confusion totale »
Le bilan personnel de Henri Haine, membre de la délégation luxembourgeoise à Copenhague
Chaque année, les pays signataires de la
Convention cadre sur le changement climatique
se réunissent pour discuter soncontenu
et mise en oeuvre. Cependant,
ce ne sont que les conférences clés qui
captent notre attention, dont Copenhague
en 2009 : une conférence précédée
d’un dynamisme unique, d’espoir et
d’attentes élevées. Or, elle a terminé en
déception, désillusion et désespoir.
Entre 1997 et 2005, je présidais, alors
que le Luxembourg assurait la Présidence
du Conseil de l’Union européenne, le
groupe de travail « climat » à Bruxelles
qui préparait la position européenne
en vue des négociations internationales
sur le climat. J’ai représenté les intérêts
de l’Union européenne (UE) lors de
la conférence de Kyoto et à toutes les
« Conference of Parties » (COP), depuis
la première en 1995 à Berlin. À Copenhague,
j’étais le conseiller de Claude Wiseler,
ministre luxembourgeois du Développement
durable et des Infrastructures
à l’époque. Basé sur les expériences de
Copenhague, je présente ici un petit bilan
personnel.
Intervention contre-productive
Pour moi personnellement, Copenhague
était un échec et une grande déception.
Peut-être parce que j’avais, comme beaucoup
d’autres, des espoirs trop prononcés.
En effet, depuis le sommet de Rio
en 1992, aucune conférence internationale
n’a accueilli autant de chefs d’État
et de Premiers ministres, sans compter
les milliers de délégués et représentants
d’ONG, les journalistes,…
Or, après deux semaines d’âpres négociations,
le bilan était peu encourageant :
un accord non contraignant et non signé
par tous les pays, obtenu lors de négociations
de couloir, menées avant tout par
les États-Unis et la Chine. Copenhague
a mis en lumière le rôle de ces deux pays,
les plus grands pollueurs du monde,
mais également les tensions très vives
entre eux.
Au niveau européen, il y avait un
manque de préparation et de coordination
manifeste entre les ministres de
l’Environnement et les chefs d’État et de
gouvernement. Ces derniers croyaient
arriver à Copenhague pour entériner
un accord tout fait. Finalement, l’intervention
des chefs d’État et de gouvernement
en fin de conférence s’est révélée
contre-productive.
Une confusion totale a dominé ces négociations
onusiennes, en partie parce que
la présidence danoise de la COP souhaitait
laisser le plus grand accès possible
aux ONG. Ceci a terminé en salles bondées
de monde et rendait une véritable
négociation impossible.
C’était une conférence marquée aussi par
la faiblesse de Ban Ki-Moon, le manque
de leadership de l’Europe ainsi que les
frictions entre la présidence (danoise)
de la COP et la présidence (suédoise) de
l’UE, l’égoïsme de nombreux pays et les
pays les plus pauvres qui n’avaient pas
vraiment leur mot à dire.
Et, comble du comble, une dernière plénière
qui s’est tenue toute la nuit dans la
pagaille. Après des heures d’invectives et
d’accusations – de tensions –, la COP a
finalement « pris note » de l’accord.
Quelle tristesse !
«Une confusion totale »
Le bilan personnel de Henri Haine, membre de la délégation
luxembourgeoise à Copenhague
Henri Haine est conseiller de direction au Département
de l’Environnement et bourgmestre de la ville de
Rumelange.
Et, comble du comble, une dernière
plénière qui s’est tenue toute la
nuit dans la pagaille.
Klimaverhandlungen November 2015 35
De Copenhague à Paris…
Le climat de négociation s’est nettement
amélioré depuis Copenhague: la
confiance règne à nouveau. De nombreux
pays ont soumis leurs contributions
nationales avec leurs objectifs, correspondant
à 90 % des émissions mondiales de
gaz à effet de serre. Il y a aussi un consensus
sur la nécessité de mettre l’accent non
seulement sur la réduction des émissions
(« mitigation »), mais aussi sur l’impact
du changement climatique (« adaptation
»). Cela renvoie à la prise en compte
de la situation des pays les moins avancés,
et au financement de l’aide à ces pays,
une priorité absolue pour la présidence
luxembourgeoise.
Quelques conseils pour les
négociateurs actuels
S’il y a bien une leçon à tirer de 2009,
c’est que l’on ne peut pas sauver la planète
en une nuit. Il faut donc bien préparer
la conférence de Paris. Tous disent
souhaiter un accord, mais les questions
demeurent compliquées, il s’agit de surmonter
les divergences entre pays développés,
émergents et en développement.
Je pense que la présidence luxembourgeoise
l’a bien compris, les préparations
vont bon train et il y a de nombreux
contacts et rencontres à tous les niveaux.
Il faudrait aussi éviter à ce que la présidence
française de la COP et la présidence
luxembourgeoise du Conseil essayent
de se faire concurrence, de se voler
la vedette, et les rôles respectifs doivent
être bien claires. En fin de jeu, il ne faut
pas trop camper sur ses positions, plutôt
il faut rester à l’écoute de l’autre, comprendre
ses points de vue, trouver des
compromis, sans pour autant vouloir arriver
à un accord à n’importe quel prix. u
COP21 à Paris – le côté pratique
Les finances :
187 millions € sont alloués par l’État français à l’organisation et à la préparation de la COP21.
Un budget prévisionnel de 6 millions € est versé par la France au Secrétariat de la CCNUCC. Il s’agit des coûts engendrés par l’organisation
de la COP21 à Paris plutôt qu’à Bonn et couvrant les frais des fonctionnaires de l’ONU.
100 million € va rapporter la COP21 à la région d’Île-de-France.
Les surfaces :
80 000 m2 de surfaces existantes
80 000 m2 de surface temporaires à construire
15 000 m2 d’espace mis en vente pour pavillon/bureaux (prix du m2 : 480 € TTC)
Les participants :
196 parties accréditées (195 pays + l’Union européenne)
40 000 personnes, délégués, observateurs
3 000 journalistes accrédités
L’équipe française :
3 000 personnes recrutées
Source: www.diplomatie.gouv.fr, www.gouvernement.fr, www.cop21.gouv.fr
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