En l’espace de quelques jours, après le 13 mars 2020, les rues des villes et villages du Luxembourg se sont vidées. Incités à rester chez eux et à limiter au maximum les contacts sociaux, les résidents luxembourgeois ont rempli leurs réfrigérateurs et leurs placards et, pour la plupart d’entre eux, n’ont plus mis le nez dehors. Les magasins sont restés fermés et Luxembourg-Ville a rapidement ressemblé à une ville désertée. Dans le quartier de Bonnevoie, autour du Dernier Sol où se rassemblent traditionnellement les sans-abris de la capitale, pas de changements : respecter les distances, se laver les mains régulièrement, ne pas se toucher, toutes instructions difficiles à faire connaître à et accepter (sans parler de respecter) par une population désocialisée, habituée à vivre dans la promiscuité, selon des règles très élastiques et dans des conditions d’hygiène parfois minimales. S’y ajoute la question fondamentale : comment consigner à domicile des personnes qui n’en ont pas ?
Plusieurs services de prise en charge des sans-abris existent en temps ordinaire au Luxembourg : la Wanteraktioun, initiative gouvernementale, coordonnée par Inter-Actions et mise en œuvre par la Croix-Rouge et Caritas Accueil et solidarité, offre à toute personne sans domicile la possibilité d’un repas midi et soir et d’un hébergement la nuit. La Wanteraktioun ouvre annuellement ses portes le 1er décembre et s’arrête le 31 mars. Mesures spéciales Covid-19 obligent, le gouvernement a rapidement décidé de prolonger l’Action hiver, d’abord jusqu’à fin avril, puis jusqu’à fin mai. En parallèle, les bureaux de la coordination de terrain d’Inter-Actions ainsi que les structures d’accueil pour le repas de midi ont été installés au Findel, dans les locaux destinés à l’hébergement de nuit des sans-abris. En rassemblant sur le même terrain tous les volets de l’Action hiver, les acteurs sociaux ont eu l’espoir d’inciter les bénéficiaires à rester sur place et à limiter leurs déplacements. Avec le soutien sans faille du ministère de la Famille, la WanterAktioun a continué à remplir ses fonctions, accueillant chaque jour plus d’une centaine de personnes.
Dans les rues de Bonnevoie et de la Gare, Inter-Actions a intensifié les tournées de son service Streetwork. Les quatre streetworkers se sont relayés depuis le début de la crise pour aller, dans les rues, à la rencontre des personnes défavorisées, sans domicile, parfois très abîmées psychologiquement. Certains, voyant les rues vides les premiers jours, ont dû penser : « C’est la fin du monde. » Comme toujours, le streetwork est là pour écouter, conseiller, informer et observer les dynamiques de la rue. S’ajoutent en ce temps de crise sanitaire des conseils ou des informations spécifiques sur le Covid-19, les mesures gouvernementales et la situation en général. Les streetworkers ont aussi cherché à garder le lien avec « leurs » clients, à aider les personnes qu’ils connaissent de longue date, dont ils savent l’histoire, les difficultés et la fragilité psychologique, à rester en vie et en santé. L’inquiétude et l’angoisse sont bien présentes chez ces populations qui se retrouvent du jour au lendemain confrontées à une diminution des quelques euros qu’elles pouvaient récolter auprès des passants. Le manque d’alcool (de plus en plus difficile à payer avec des pièces de monnaie) ou de drogues (restructuration des canaux d’approvisionnement les premiers jours) s’est aussi fait rapidement sentir.
Le service Premier Appel, quant à lui, a poursuivi ses tournées de nuit en s’adaptant aux nouvelles conditions et consignes : ainsi, le service n’ayant plus été approvisionné en sandwichs, ce sont des soupes qui sont proposées aux personnes dans la rue. Comme il n’est plus possible d’utiliser la camionnette de service pour transporter des sans-abris (à l’hôpital, dans les structures d’hébergement d’urgence, etc.), les travailleurs du Premier Appel accompagnent leurs « clients » jusqu’au bus, vérifient qu’ils s’y installent et les retrouvent à l’arrêt, où ils doivent descendre pour les accompagner à pied pour la fin du trajet.
Dans une situation exceptionnelle, Inter-Actions a pu s’appuyer sur des équipes non seulement dans les services de première ligne, mais aussi dans d’autres (maisons relais, maisons des jeunes), où éducateurs et assistants sociaux se sont rapidement manifestés pour soutenir les collègues pouvant être en difficulté de personnel. Enfin, les services d’accompagnement sociaux n’ont jamais cessé de suivre et de conseiller leurs clients pour les aider à traverser ce moment difficile et préparer l’après-crise.
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