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forum_C : Festival de Cannes – Jour 3 : Des monstres, des saints et des miracles
Quitte à voir des films pour enfants à Cannes, le choix est vite fait. Pour ma part, je préfère – et de loin! – „Okja“ du Coréen Bong Joon-Ho à „Wonderstruck“ de Todd Haynes présenté hier.
Dans „Okja“, une fillette va tout faire pour sauver de l’abattoir son ami d’enfance, un cochon génétiquement modifié au point de ressembler davantage à un hippopotame (mais comme dans le cochon, tout est bon, il y a sans doute un intéret commercial à élever plutôt des cochons géants que des hippopotames si on veut faire beaucoup d’argent!). Certes, le combat du gentil monstre et de la petite fille débrouillarde contre une méchante multinationale américaine n’est pas vraiment nouveau mais Bong Joon-Ho le mène à toute allure, n’oubliant ni la poésie et l’imagination ni l’humour, ne se privant pas de se moquer au passage des intégristes de tout bord: un défenseur de la nature dépérit ainsi dangereusement parce qu’il refuse de manger des tomates qui pourraient avoir été source de pollution ! A l’exception de la performance très outrancière de Jake Gyllenhal dont le spectateur et le scénario se seraient bien passés, „Okja“ est un beau conte moderne dont la vocation pédagogique ne gâche pas le plaisir qu’auront petits et grands à le découvrir.
„Okja“ de Bong Joon-Ho
Passons rapidement sur „Jupiter’s Moon“, parabole prétentieuse du Hongrois Kornél Mundruczo dans laquelle un ange vient sauver l’âme noire d’un médecin alcoolique et d’un flic chasseur de réfugiés. Lorsque ce dernier abat un clandestin qui tente de traverser la frontière, celui-ci, au lieu de mourir, se met à léviter. Le docteur poivrot et par ailleurs ripou prétend alors aider le jeune garçon mais ne songe en vérité qu’à utiliser ce talent peu commun à son propre avantage. Sur les réfugiés ou la situation en Hongrie, Mundruczo – trop visiblement content de son pitch – n’a pas grand-chose à dire.
Pourquoi Mundruczo s’est retrouvé en compétition plutôt que l’Iranien Mohammad Rasoulof, restera l’un des mystères du festival. Ce dernier avait déjà réalisé „Au revoir“ (inédit au Luxembourg) et „Les manuscrits ne brûlent pas“ (sélectionné au Luxfilmfest) dans lesquels il dénonçait sans prendre de gants le régime iranien, autoritaire et corrompu. Dans son nouveau film „L’homme intègre“, présenté dans la section „Un certain regard“, il reprend le même thème en racontant l’histoire de Reza, éleveur de poissons rouges. Parce qu’il refuse de payer un bakchich à un banquier, Reza se retrouve dans un engrenage infernal, quasi-kafkaïen, qui finira par l’emmener précisément là où il s’était juré de ne jamais aller. „En Iran, tu exploites ou tu es exploité“ lui avait dit jadis un ami.
S’il n’ajoute pas vraiment quelque chose de nouveau à son sujet de prédilection, Rasoulof excelle dans la description de la pression sociale et religieuse qui empêche toute liberté et toute vie normale en Iran. Certains des plus beaux moments sont ceux que Reza partage avec sa femme Hadis, le film osant même suggérer une relation sexuelle entre eux.
Soudabeh Beizaee dans „Un homme intègre“ de Mohammad Rasoulof
Si une femme faisant le geste d’enlever son foulard avant de rejoindre son mari sous la douche, suivie du plan d’une casserole de lait qui déborde (!) est certainement le summum de la suggestion sexuelle qu’on peut oser dans un film iranien, que dire des centaines d’affiches de films (souvent des séries B et Z), toutes plus racoleuses les unes que les autres, qui ornent quotidiennement les nombreuses revues professionnelles diffusées à Cannes? Voici pour le plaisir, pour le contraste et parce que c’est tout de même le prochain film de Paul Verhoven après „Elle“, celle de „Sainte Vierge“, une adaptation du roman „Soeur Benedetta, entre sainte et lesbienne“ de Judith C. Brown, sur une religieuse accusée d’homosexualité au 17e siècle.
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