forum_C : Festival de Cannes – Jour 8: Masculin/Féminin

La guerre des sexes aurait pu faire rage à Cannes. Le conditionnel est de rigueur car les deux films qui font mine de s’y intéresser éludent au final le sujet.

Le réalisateur français Jacques Doillon raconte l’histoire d’amour entre Camille Claudel et Auguste Rodin, du point de vue de ce dernier, dans „Rodin“. Camille s’adonne avec la même passion que Rodin à son travail mais alors qu’elle égale le maître, elle ne bénéficie ni des mêmes libertés artistiques ni surtout de la même reconnaissance. Et Rodin préférera se mettre en ménage avec la brave et conformiste couturière Rose. Une fois Camille partie, Rodin noie son (vague) chagrin avec ses modèles et ne pense plus qu’à son travail, et notamment la statue de Balzac à laquelle il travaillera sept ans et qui scandalisera les bourgeois parisiens.

„Rodin“ serait-il le „Balzac“ de Doillon? Non, car là où Rodin a fait un travail totalement novateur (on voit d’ailleurs à la fin Edward Steichen photographier la statue terminée), Doillon montre sagement – et c’est la partie la plus intéressante de son film – la lente élaboration du „Balzac“ et de „La porte de l’enfer“ dans une suite de tableaux presque tous situés dans l’atelier du sculpteur. On peut néanmoins s’étonner qu’une oeuvre sur un sculpteur qui a travaillé, comme personne avant lui, le corps en mouvement, paraisse à ce point statique.

„Rodin“ de Jacques Doillon

Le projet de Sofia Coppola était à première vue plus excitant. „The Beguiled“ est en effet le remake d’un film très curieux tourné en 1971 par Don Siegel avec Clint Eastwood. Ce dernier y joue un soldat nordiste qui, blessé, est recueilli dans un pensionnat de filles sudiste, réveillant d’un coup les pulsions sexuelles refoulées des pensionnaires jeunes et moins jeunes. Dans le film de 1971, Clint Eastwood commençait par embrasser sur la bouche une fille de 12 ans, il y était question d’inceste, de viol et – oui! – de désir féminin.

Sous couvert de montrer cette fois „le point de vue des femmes“, Sofia Coppola, qui dit n’avoir pas fait de remake mais une nouvelle adaptation du roman originel de Thomas Cullinan – alors qu’elle suit presque séquence par séquence le film de Siegel – a tout lissé!

Plus de baisers pour les fillettes, l’esclave noire (qui y racontait une tentative de viol) a disparu de même que les scènes les plus sanglantes! Au lieu que sa simple présence virile un peu brute fasse bouillir le sang des pensionnaires, le pauvre Colin Farrell, beaucoup plus mignon qu’Eastwood, doit péniblement courtiser les pensionnaires. Toute l’âpreté et toute la tension sexuelle sont maintenant absentes du récit.

Alors certes, la version de Don Siegel était tout sauf politiquement correcte, mais comme le remarque très justement le critique Peter Bradshaw dans „The Guardian“, celle-ci ressemble davantage à la pub de Coca-Cola dans laquelle une bande de filles s’excite sur un beau mec enlevant son tee-shirt pour révéler un torse parfait. Ce qui dit tout du cinéma de Sofia Coppola.

Kirsten Dunst et (le trop beau) Colin Farrell dans „The Beguiled“ de Sofia Coppola

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