forum_C : Festival de Cannes – Jour 9 : Parcours de combattants

„Une femme douce“ est le troisième long métrage de fiction de Sergei Loznitsa… et son troisième en compétition à Cannes. J’avoue que j’ai tout oublié des deux premiers („My Joy“ en 2010 et „Dans la brume“ en 2012). Loznitsa est surtout connu pour ses documentaires, „Maïdan“ et plus récemment „Austerlitz“.

Une femme se rend à la prison où se trouve son mari afin de savoir pourquoi le colis qu’elle lui a envoyé est revenu. Dans sa longue quête, elle rencontrera des personnages qui sont censés être des spécimens typiques de la Russie d’hier et d’aujourd’hui: bureaucrates intraitables, militaires violents, prostituées, gangsters de tout poil et même une défenseuse des droits de l’homme. Presque tous sont corrompus, pratiquent l’abus de pouvoir, chantent beaucoup et boivent encore plus.

Commencé dans un style documentaire, le film penche de plus en plus vers l’irréel avant de culminer dans une scène où domine le grotesque. Mais le côté allégorique souvent outrancier et assez décousu de „La femme douce“ risque fort de perdre les spectateurs en route.

„Une femme douce“ de Sergei Loznitsa

Si „La femme douce“ se veut une incarnation de l’âme slave, „Good Time“ se présente comme la quintessence d’un certain cinéma américain. Celui réalisé par Scorsese ou William Friedkin dans les années 70: une image un peu sale, un rythme saccadé, des personnages de marginaux toujours en mouvement. Comme les réalisateurs Josh et Benny Safdie, les héros du film sont deux frères. Quand Nick (Benny Safdie) se retrouve en prison puis à l’hôpital après un braquage qui a mal tourné, Connie (Robert Pattinson, méconnaissable) va tout faire pour le sortir de là.

Au contraire de celui de Loznitsa, le film des frères Safdie avance à 300 à l’heure, ne laissant de répit ni aux personnages ni aux spectateurs. Il n’y a là rien de bien nouveau mais le film devrait plaire aux nostalgiques d’un certain cinéma américain.

Robert Pattinson et Benny Safdie dans „Good Time“ de Josh et Benny Safdie

Dans ce 70e Festival finalement plutôt décevant, le vrai amour du cinéma se niche là où on ne l’attend pas. C’est en Afghanistan que Sonia Kronlund a découvert Salim Shaheen, un gros bonhomme hyperactif qui a déjà tourné plus de 100 films (il en réalise trois ou quatre en même temps!). Il s’inspire du cinéma bollywoodien pour mettre en scène des films d’action dans lesquels il intègre moult éléments autobiographiques. Il faut dire que Shaheen a été soldat pendant l’occupation soviétique, a survécu à plusieurs opérations militaires et est le cinéaste favori des Taliban d’après le témoignage anonyme de l’un d’eux !

Au centre du documentaire „Nothingwood“ (présenté dans la Quinzaine des Réalisateurs), Shaheem est un vrai personnage de cinéma: drôle, roublard, mégalomane et courageux. Le cinéma lui sert à apprendre la vie, à oublier la guerre et même à faire de la résistance. Mais si dans ses films, il fait chanter et danser de jeunes femmes tête nue, ni ses deux épouses ni ses six filles n’auront le droit d’apparaître à l’image. Connaissant bien l’Afghanistan, Sonia Kronlund a compris que Shaheen était le laisser-passer idéal pour faire  découvrir un autre visage, plus humain mais aussi plus complexe, de ce pays.

„Nothingwood“ de Sonia Kronlund

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