forum_C : Festival de Cannes – Jour 10 : Duel franco-allemand

Ce n’est pas l’avant-dernier jour qui sauvera le Festival de Cannes 2017. „L’amant double“ sortira dès mercredi prochain sur les écrans luxembourgeois et est à ranger parmi les oeuvres mineures du prolifique François Ozon. Dans ce „thriller érotique“, Marine Vacth joue Chloé, une femme qui a pour amants deux frères psychothérapeutes. Paul et Louis sont des jumeaux inversés, c’est-à-dire que l’un est droitier et l’autre gaucher, l’un paraît gentil et l’autre beaucoup moins. Et alors qu’ils ne se voient plus, ils semblent liés par un terrible secret.

Après le drame „Frantz“, entièrement dans la retenue solennelle, Ozon semble avoir voulu ici faire tout le contraire. Il accumule à cet effet les références cinématographiques, citant pêle-mêle Hitchcock, Cronenberg, Polanski, Verhoeven, avec une mention particulière pour le film „Sisters“ de Brian De Palma qui se voulait lui-même un hommage à Hitchcock. Ces références à l’infini se traduisent au niveau de la mise en scène par la multiplication des miroirs et des reflets et explique sans doute l’enthousiasme de certains critiques, notamment français, pour le film. Mais pour que ce jeu avec le cinéma, et le va-et-vient qui s’ensuit entre illusion et réalité, fonctionne, il aurait fallu qu’Ozon le prenne un tant soit peu au sérieux. Quand il pénètre (au sens propre et figuré) la chair de ses protagonistes, on comprend l’allusion à David Cronenberg mais ce qu’il nous livre est une imitation, presque une parodie, sans conviction. Ozon nous fait rire mais ne nous trouble jamais.

„L’amant double“ de François Ozon

La contribution allemande « Aus dem Nichts » de Fatih Akin, autre « habitué » de la compétition, ne semble guère plus à sa place à Cannes. Après que son mari turc et son fils ont été tués dans un attentat perpétré par des néo-nazis, Katja (interprétation convaincante de Diane Kruger) veut que justice soit faite, d’une façon ou d’une autre.

Dans le dossier de presse, Fatih Akin dit avoir voulu traiter les assassinats xénophobes commis par le NSU en Allemagne. Il explique avoir été particulièrement choqué par le fait que, étant donné l’origine des victimes, la police a d’abord cru à des règlements de compte entre trafiquants. Mais cet élément est assez vite évacué dans le film. En concentrant son drame sur le personnage de la veuve, Akin ne prend en compte que la composante émotionnelle, éludant ainsi à la fois l’environnement sociétal, politique et médiatique. Le rôle du pouvoir juridique est en revanche traité en détail mais l’Etat de droit échoue à rendre justice, ce qui amène à une fin que nous ne dévoilerons pas mais qui invite au moins à la discussion.

Diane Kruger dans „Aus dem Nichts“ de Fatih Akin

Als partizipative Debattenzeitschrift und Diskussionsplattform, treten wir für den freien Zugang zu unseren Veröffentlichungen ein, sind jedoch als Verein ohne Gewinnzweck (ASBL) auf Unterstützung angewiesen.

Sie können uns auf direktem Wege eine kleine Spende über folgenden Code zukommen lassen, für größere Unterstützung, schauen Sie doch gerne in der passenden Rubrik vorbei. Wir freuen uns über Ihre Spende!

Spenden QR Code