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forum_C : Festival de Cannes – Jour 11 : La compétition finit en beauté
Apparemment placé en fin du festival parce qu’il n’était pas encore terminé quand celui a démarré , „You Were Never Really Here“ est l’un des rares grands films de ce 70e cru. Adapté par la Britannique Lynne Ramsay d’un court roman ultra-noir de Jonathan Ames, il est porté d’un bout à l’autre par Joaquin Phoenix en vétéran de guerre et ex-agent du FBI recyclé en sauveteur solitaire et parano de prostituées mineures.
Il y du Travis Bickle dans l’air. Comme Jonathan Ames et Martin Scorsese, Lynne Ramsay nous plonge littéralement dans le cerveau d’un homme ravagé par la violence. Une violence barbare qui surgit dans de très courts flashbacks suggérant le stress post-traumatique. Ils arrivent comme des coups de marteau, ce marteau qui n’est pas par hasard l’arme favorite de Joe. Même quand Joe paraît au repos, la musique de Jonny Greenwood (s’il existait un prix pour la meilleure musique à Cannes, Greenwood le remporterait haut la main!) bat au rythme lancinant d’une souffrance incessante. Elle fait de Joe un animal sans cesse à l’affût du danger, auquel il pourra faire face, mais surtout à l’affût de la douleur devant laquelle il n’y a pas d’échappatoire.
Pour transférer à l’écran le roman franchement gore, Lynne Ramsay a élaboré un langage visuel et sonore original et obsédant qui ne s’attarde pas outre mesure sur les résultats sanglants des actions de Joe mais n’en contient pas moins plusieurs explosions de violence marquantes. Mais c’est aux séquences avec sa mère et avec la fillette qu’il tente de sauver que Lynne Ramsay réserve des moments lyriques inattendus. Certains ne verront peut-être dans „You Were Never Really Here“ qu’une variation sur un thème connu, mais c’est une variation cinématographiquement envoûtante et exaltante. S’il y a une justice dans ce monde (le film soutient le contraire…), Lynne Ramsay devrait être présente au palmarès.
Joaquin Phoenix dans „You Were Never Really Here“ de Lynne Ramsay (c) Why Not Productions
Tout le contraire en somme de Roman Polanski qui semble se parodier lui-même dans „D’après une histoire vraie“ présenté hors compétiton (et on comprend pourquoi). Cette fois, il s’agit de l’adaptation d’un roman pourtant captivant de Delphine Le Vigan qui joue avec les codes de la fiction autobiographique et de l’horreur psychologique pour traiter de la création littéraire. Le livre comporte un revirement final qu’on serait tenté de considérer comme typiquement polanskien… mais que Polanski a choisi d’éluder. C’est sans doute là un pied de nez assumé au spectateur comme est assumée la façon de surjouer d’Eva Green. Mais cela réduit le projet à un thriller psychologique, certes rempli d’allusions qui raviront les connaisseurs de l’oeuvre de Polanski, mais finalement plat et même un peu grotesque.
Ainsi se clôt ce festival et le compte-rendu de forum sur ce site.
forum_C reviendra dès le début juin au rythme d’une contribution par semaine pour parler de films et de séries en lien avec l’actualité.
Et dans le numéro papier de juin, vous trouverez comme chaque année un bilan plus analytique du Festival de Cannes.
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