71e Festival de Cannes : Jour J-1

© Maquette : Flore Maquin – Photo : Pierrot le fou © Georges Pierre

Le festival de Cannes commence demain soir et à partir de ce mercredi, vous retrouverez tous les jours vers 18h00 sur forum_C un compte-rendu des films en compétition… mais pas seulement.

Car Cannes, ce n’est pas seulement la Palme d’Or, le tapis rouge et les stars. La compétition est réservée à ce que le délégué général Thierry Frémaux appelle « l’art et essai grand public ». Mais il y a des dizaines de découvertes à faire dans les sélections dites parallèles !

La Semaine de la Critique, qui a pour ambition de présenter le premier ou deuxième long métrage de jeunes cinéastes, existe ainsi depuis 1962 et se vante d’avoir révélé Ken Loach (Kes, 1970), Jacques Audiard (Regarde les hommes tomber, 1994), François Ozon (Sitcom, 1998) ou plus récemment Jeff Nichols (Take Shelter, 2011)  et Julia Ducournau (Grave, 2016).

La Quinzaine des Réalisateurs est née des contestations de Mai 68. Face à ce qu’ils considéraient alors comme un festival sclérosé et bourgeois, un groupe de cinéastes a créé en 1969 cette section qui a su dénicher, sous la direction inspirée de Pierre-Henri Deleau (resté à sa tête de 1969 à 1999 !) e.a. le talent de Werner Herzog (Auch Zwerge haben klein angefangen en 1970 puis en 1972 Aguirre, der Zorn Gottes qui avait été refusé en compétition officielle), de George Lucas (THX 1138, 1971), de Spike Lee (She’s Gotta Have it, 1986) ou des frères Dardenne (La promesse, 1996).

Pour ne pas abandonner les films plus originaux, difficiles ou marginaux à ces sections concurrentes (et officiellement néanmoins amies), le festival a introduit en 1978 Un Certain Regard qui fait partie de la sélection officielle (ce qui donne le droit de placer la Palme sur les affiches et les bandes annonces) et offre pareillement la possibilité de mettre à l’honneur des cinéastes peu ou pas encore connus. On y trouve cette année cinq réalisatrices (et deux coréalisatrices) alors que seulement trois femmes ont les honneurs de la compétition officielle, ce qui a déjà fait couler pas mal d’encre depuis l’annonce du programme. L’argument de Thierry Frémaux est artistique : on ne juge pas les films selon le genre de son auteur. La Semaine de la Critique a réussi à dénicher pour sa propre compétition (qui ne comporte que sept films) quatre oeuvres réalisées par des femmes, ce qui laisse  espérer que l’avenir du cinéma sera un peu plus féminin.

Conséquences de l’affaire Weinstein

Le scandale Weinstein a laissé quelques traces sur la Croisette qui était, paraît-il, l’un des terrains de chasse privilégiés du producteur américain. C’est dans sa suite au très exclusif Hôtel du Cap-Eden-Roc à Antibes qu’il aurait reçu et attaqué un certain nombre de femmes. Léa Seydoux et Cate Blanchett, respectivement membre et présidente du jury officiel où les femmes dominent, ont eu à se défendre contre lui. Pour faire bonne mesure, le festival va, paraît-il, distribuer des dépliants rappelant la législation sur le harcèlement sexuel et a installé une ligne téléphonique pour les victimes.

Don Quixote: le suspens

La semaine dernière,Thierry Frémaux et son président Pierre Lescure ont publié un communiqué de presse pour répondre aux « affirmations diffamatoires » du producteur Paulo Branco qui veut interdire la sortie et la présentation en soirée de clôture de The Man Who Killed Don Quixote de Terry Gilliam. Figure du cinéma d’auteur (il aurait produit plus de 200 films), personnage haut en couleur à qui, selon ses propres aveux, il est arrivé de gagner au poker de quoi payer les acteurs sur un de ses films,  ayant déjà fait faillite avec au moins deux sociétés, Branco avait promis de sauver Don Quixote avant de s’opposer à Terry Gilliam (qui lui reproche de ne pas être arrivé à rassembler le budget promis) et prétend maintenant, alors que le film a été repris par d’autres producteurs, être le détenteur des droits. Ce lundi, le tribunal de grande instance va décider si le film pourra être montré ou non.

La séance officielle retrouve son prestige

Parallèlement, le très efficace service de presse du festival a fait parvenir un long mail aux journalistes pour justifier certains changements inaugurés cette année. Outre l’interdiction des selfies sur les marches, on nous y explique longuement les nouveautés dans la grille horaire. Jusqu’à l’année dernière, la presse voyait en effet les films en compétition avant la séance officielle du soir. Certains films arrivaient ainsi à cette séance officielle déjà morts, descendus en flamme par la critique décue qui s’était défoulée sur internet durant la journée.  Pour y remédier les journalistes verront désormais les films parallèlement ou suite à la séance officielle avec, pour les séances en parallèle, un embargo jusqu’à la fin de la projection. Car il y a des « journalistes » qui se croyaient obligés de tweeter leur avis au reste du monde au beau milieu d’un film sans même en attendre le générique !

 

Als partizipative Debattenzeitschrift und Diskussionsplattform, treten wir für den freien Zugang zu unseren Veröffentlichungen ein, sind jedoch als Verein ohne Gewinnzweck (ASBL) auf Unterstützung angewiesen.

Sie können uns auf direktem Wege eine kleine Spende über folgenden Code zukommen lassen, für größere Unterstützung, schauen Sie doch gerne in der passenden Rubrik vorbei. Wir freuen uns über Ihre Spende!

Spenden QR Code