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forum_C : Les films réalisés par des femmes totalisent 2,60% des entrées
Au Luxembourg, les 515 films programmés dans les salles de cinéma (hors Cinémathèque) en 2018 ont totalisé 1043.346 entrées. Parmi ces productions venues de pays très divers, seules 12,04% ont été tournées par des femmes et 2,72 % supplémentaires (76 films au total) l’ont été par des collectifs mixtes comprenant au moins une femme. Les chiffres sont encore plus éloquents quand on analyse les entrées : ces 76 films qui totalisent donc 14,46% des sorties enregistrent seulement 3,10% du total des entrées ! Quand on exclut les films tournés par des collectifs mixtes, ce ne sont même que 2,60% des entrées qui ont été enregistrées par les films dus à des réalisatrices !*

En moyenne, les films réalisés par les hommes font 2.344 entrées alors que ceux tournées par les femmes (sans compter les mixtes) arrivent tout juste à 438 entrées. Cela peut s’expliquer en partie par le fait que pas moins de 19 films parmi les 62 tournés par des femmes ont été présentés dans le cadre de festivals ou de séances spéciales diverses et n’ont donc été montrés qu’une ou deux fois. 13 films sur les 62 tournés par les femmes sont par ailleurs des documentaires et sur 46 films de fiction, 25 ont été classés Art et Essai en France. Il faudrait faire les mêmes statistiques pour les films réalisés par les hommes afin de pouvoir comparer mais il est un fait que plus de la moitié des films tournés par les femmes s’adressent d’emblée à un public restreint.
Aux Etats-Unis, le Celluloid Ceiling Report édité par le Center for the Study of Women in Television and Film a analysé les 500 films américains les plus vus dans les cinémas aux USA. En 2018, 15% de ceux-ci ont été réalisés par des femmes. Ce chiffre tombe à 8% si l’on ne prend en compte que les 250 premiers films au box-office et les réalisatrices ne sont que 4% dans le Top100 .
En France, le CNC s’est penché sur les productions et coproductions françaises sorties en France en 2016 et a compté que 20% (22,70% en comptant les mixtes) de celles-ci ont été réalisées par des femmes mais qu’elles ne cumulent que 8,97% (10,80% avec les mixtes) des entrées.
Même si ces chiffres sont un tantinet plus élevés qu’au Luxembourg, la conclusion est assez simple : on voit dans les cinémas beaucoup moins de films de femmes que de films d’hommes et ceux qui sortent attirent en moyenne moins de spectateurs que ceux des réalisateurs masculins.

A qui la faute? Sans doute pas aux exploitants qui ne peuvent que puiser dans les films qui sont sur le marché. Mais sûrement aux producteurs qui ne confient pas de projets, et surtout pas de gros projets, aux femmes. Parmi les plus gros succès de 2018 figurent les films de super-héros Avengers: Infinity War, Black Panther et Deadpool 2. Or, ce genre très populaire reste une chasse gardée masculine. Certes, on a eu Wonder Woman (Patty Jenkins) en 2017 et on a Captain Marvel (Anna Boden et Ryan Fleck) en 2019 mais pas de super-héros/héroïne mis(e) en scène par une femme en 2018. Le seul gros budget féminin en 2018 a été celui de A Wrinkle in Time (Ava DuVernay) produit par Disney… qui fait partie des flops de l’année.
Le premier film réalisé par une femme arrive à la 69e place du box-office luxembourgeois en 2018 et s’intitule The Spy Who Dumped Me (Susanna Fogel), suivi de I Feel Pretty (Abby Kohn et Marc Silverstein, 76e place), Pitch Perfect 3 (Trish Sie, 84e place) et A Wrinkle in Time (92e place). La production indépendante Lady Bird (Greta Gerwig) est no. 97 au Box-office. Viennent ensuite Capharnaüm (Nadine Labaki), Photo de famille (Cécilia Rouad), le film d’animation coproduit au Luxembourg Breadwinner (Nora Twomey) et le documentaire luxembourgeois Histoire(s) de femme(s) (Anne Schroeder).
La France est le pays le mieux représenté. 22 films français sortis au Luxembourg ont été réalisés par une femme, les plus vus étant Photo de famille, Brillantissime (Michèle Laroque) et Larguées (Eloïse Lang). Notons en passant que pas moins de trois comédies exploitent le filon de la femme larguée (Brillantissime, Larguées, Garde alternée d’Alexandra Leclère) et quatre films traitent d’une façon ou d’une autre de la maternité (Pupille de Jeanne Herry, Un amour impossible de Catherine Corsini, La fête des mères de Marie-Castille Mention-Schaar, Gueule d’ange de Vanessa Filho). On pourrait rêver d’horizons plus larges pour les héroïnes.

Les Etats-Unis sont représentés avec neuf films. Le Luxembourg s’en sort plutôt bien avec trois films de femmes réalisatrices dont les documentairesHistoire(s) de femme(s) et Grand H (Frédérique Buck) ainsi que Barrage (Laura Schroeder, séance spéciale), quatre si on compte la coproduction The Breadwinner.
La plupart des fonds de soutien et des festivals font dorénavant des efforts pour soutenir les réalisatrices ou sont du moins conscients qu’il existe un déséquilibre auquel il faut essayer de remédier. Même les grands studios s’y mettent (merci Harvey Weinstein!). Plusieurs ont déjà accepté le défi lancé par la USC Annenberg: produire au moins un projet réalisé par une femme dans les 18 mois à venir! Ca ne semble pas trop demander… Disney va plus loin et a promis que 40% de ses films à venir auront une réalisatrice. C’est bon signe car le problème est criant et il est davantage quantitatif que qualitatif. Plus de films de femmes, et parmi eux plus de films à gros budget et bénéficiant d’un marketing conséquent, signiferont à terme aussi plus de films de femmes sur le marché et donc dans les salles de cinéma et plus de spectateurs et spectatrices pour les voir.
*source: Centre national de l’audiovisuel
Dans la semaine cinématographique démarrant le 1er mai, on peut voir un nombre non négligeable de films tournés par des femmes (25% sur le total des films au programme régulier) et il y en a pour tous les goûts, du blockbuster Captain Marvel au très conceptuel High Life.
- After (Jenny Gage)
- The Beast in the Jungle (Clara Van Gool)
- Birds of Passage/ Les oiseaux de passage (Cristina Gallego, Ciro Guerra)
- Captain Marvel (Anna Boden, Ryan Fleck)
- Escapada (Sarah Hirtt)
- High Life (Claire Denis)
- Minuscules: Les mandibules du bout du monde (Thomas Szabo, Hélène Giraud)
- Ostwind 4 (Theresa von Eltz)
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