(Viviane Thill) Après la catastrophique année 2018 (2,60% des entrées cinéma au Luxembourg pour les films réalisés par des femmes), 2019 devrait s’avérer un tantinet plus positive, toutes choses étant relatives par ailleurs. Les chiffres pour le Luxembourg ne sont pas encore publiés mais selon Stacy L. Smith de l’USC Annenberg qui produit chaque année les statistiques concernant la place des « minorités » (genre, origine ethnique, LGBT, handicap et âge) dans les industries du divertissement, 10,6% des cinéastes dont les films se retrouvent dans le Top100 aux Etats-Unis en 2019 sont des femmes. Frozen II (coréalisé par Jennifer Lee avec Chris Buck) et Captain Marvel (Anna Boden, Ryan Fleck), tous deux produits par Disney, sont respectivement no. 4 et 5 au box-office américain. Hustlers (Lorene Scafaria) a également généré plus de 100 millions de dollars en entrées aux Etats-Unis.
Frozen II (c) Walt Disney Pictures
Et l’année 2020 devrait en toute logique hisser encore davantage de réalisatrices au sommet du box-office. Les deux studios produisant le plus de blockbusters sont Disney et Warner qui sont aussi ceux qui font dorénavant le plus souvent appel aux femmes. De façon quelque peu inattendue, ils ont engagé des réalisatrices venues du cinéma indépendant. Cate Shortland (Somersault, Lore) vient ainsi de tourner pour Disney Black Widow dans lequel Scarlett Johansson reprend le rôle qu’elle a déjà joué dans la série Avengers (sortie le 29 avril). Chloe Zhao, qui s’était jusqu’à présent fait remarquer dans le cinéma d’art et essai pur et dur avec Songs My Brothers Taught Me (2015) et The Rider (2017), va réaliser The Eternals (Disney) avec Angelina Jolie, également pour Disney. DC Films/Warner a recruté Cathy Yan qui n’a réalisé jusqu’à présent qu’un seul long métrage (Dead Pigs. 2018) dont la carrière semble s’être résumée au circuit des festivals. Elle sera aux manettes de Birds of Prey avec Margot Robbie. Patty Jenkins revient à Wonder Woman (Wonder Woman 1984), autre personnage appartenant à DC Films/Warner. Côté films de famille, Disney continue avec la transposition en prises de vue réelles de ses grands films d’animation, avec Mulan (sortie le 25 mars) réalisé par la Néo-Zélandaise Niki Caro (Whale Rider).
Dans le cinéma de genre, les femmes s’attaquent à l’horreur : Nia DeCosta va tourner une suite à Candyman (Bernard Rose, 1992) tandis que Zoe Lister-Jones annonce un remake de The Craft (Andrew Fleming, 1996). Connue pour avoir réalisé des clips pour Justin Timberlake, Rihanna, The Cure, Leonard Cohen, Marilyn Manson et David Bowie, ainsi que 2 épisodes de The Handmaid’s Tale, Floria Sigismondi prépare sous le titre The Turning une nouvelle adaptation du roman The Turn of the Screw de Henry James. Reed Morano, l’une des très rares directrices de la photo (entre autres sur le film Frozen River de Courtney Hunt, 2008) s’essaie quant à elle au thriller avec The Rhythm Section.
Découverte avec le formidable The Diary of a Teenage Girl (2015), puis Can You Ever Forgive Me ? (2018), Marielle Heller revient avec un film sur un célèbre homme de télé, Fred Rogers, interprété par Tom Hanks dans A Beautiful Day in the Neighborhood. Greta Gerwig (Lady Bird, 2017) donne sa version du classique Little Women (sortie le 19 février) et Lulu Wang a réalisé The Farewell (sortie le 22 janvier), salué à la quasi-unanimité par la critique américaine. Et Julie Taymor (Titus, Frida) a mis en scène The Glorias, un biopic sur la féministe Gloria Steinem avec notamment Alicia Vikander et Julianne Moore qui la jouent à des âges différents. Ce dernier film sera présenté en janvier au festival de Sundance où par ailleurs 46% des films sélectionnés cette année ont été réalisés par des femmes.
The Glorias (c) Page Fifty-Four Pictures
Et les films français ? Pour connaître plus de deux mois à l’avance la sortie des films français, il faut être dans le secret des dieux ! Impossible de trouver une liste un tant soit peu consistante des sorties prévues en 2020. On sait néanmoins que l’actrice Jeanne Balibar a réalisé Merveilles à Montfermeil et Anne Fontaine (Entre ses mains, Coco avant Chanel) le thriller Police avec Virginie Efira et Omar Sy. Mia Hansen-Løve (Eden, L’avenir) présentera Bergman Island avec Mia Wasikowska et Vicky Krieps. Notre Dame de Valérie Donzelli, Systemsprenger de l’Allemande Nora Fingscheidt et Little Joe de l’Autrichienne Jessica Hausner sont déjà sur les écrans.
La quantité de films réalisés par des femmes, ou leur position au box-office, n’est évidemment en rien un indicateur des possibles qualités esthétiques et narratives de ces productions. A tort ou à raison, aucune réalisatrice ne figure dans les nominations (meilleur film et meilleur réalisateur) aux Golden Globes. Seule la catégorie du meilleur film en langue étrangère comporte deux films tournés par des femmes : The Farewell de Lulu Wang et Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma.
Mais tant que les femmes n’auront pas les mêmes chances, les mêmes budgets et la même visibilité que les hommes, elles resteront toujours en marge du système (comme le sont par ailleurs toujours les hommes non blancs et plus encore les femmes non blanches). Plus elles seront nombreuses, plus elles auront de chances d’égaler leurs collègues masculins, aussi bien d’un point de vue économique qu’artistique. Encore un petit effort et nous y serons…
Systemsprenger (c) kineo Filmproduktion Peter Hartwig
Films tournés par des femmes à l’affiche au Luxembourg dans la semaine du 1er au 7 janvier (par ordre alphabétique):
- Abominable (Jill Culton)
- Als Hitler das rosa Kaninchen stahl (Caroline Link)
- Bayala (Aina Järvine, Federico Milella)
- Charlie’s Angels (Elizabeth Banks)
- Frozen II (Chris Buck, Jennifer Lee)
- Instinct (Halina Reijn)
- Der kleine Rabe Socke – Suche nach dem verlorenen Schatz (Verena Fels, Sandor Jesse)
- Little Joe (Jessica Hausner)
- Lotte Igel und der magische Wasserstein (Nina Wels, Regina Welker)
- Notre Dame (Valérie Donzelli)
- Systemsprenger (Nora Fingscheidt)
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