„Wolfwalkers“ de Tomm Moore et Ross Stewart

Depuis de nombreuses années, Stéphan Roelants et sa société Mélusine Productions opposent aux films d’animation tournés à la chaîne, standardisés et souvent assez laids, des films où l’ambition scénaristique et esthétique vont de pair. Cela lui a déjà valu trois nominations à l’Oscar du meilleur film d’animation, pour Ernest et Célestine, The Breadwinner et Song of the Sea. Les deux derniers films ont été coproduits avec le studio irlandais Cartoon Saloon avec lequel Mélusine vient également de collaborer sur Wolfwalkers. Et à nouveau, c’est un enchantement.

Robyn et son père (c) Mélusine Productions / Cartoon Saloon

Les salles de cinéma ont rouvert au Luxembourg mais comme elles restent fermées dans les pays voisins, les nouvelles sorties sont plutôt clairsemées. Alors, si vous avez des enfants et même si vous n’en avez pas, ne vous privez pas, et ne les privez pas, de l’une des rares occasions de se faire plaisir en cette période morose de pandémie. Allez voir Wolfwalkers, le nouveau dessin animé de Tomm Moore, coproduit comme Song of the Sea (D’Melodie vum Mier) au Luxembourg par Mélusine Productions.

Comme dans Song of the Sea et avant lui The Secret of Kells (également nominé pour l’Oscar du meilleur film d’animation), le réalisateur irlandais Tomm Moore réinterprète ici, avec son coréalisateur Ross Stewart, une légende de son pays natal. Wolfwalkers est une histoire d’amitié entre deux petites filles, Robyn (Honor Kneafsey) la citadine anglaise qui se rêve en chasseresse, et Mebh Óg MacTíre l’Irlandaise (Eva Whittaker) qui se transforme en louve quand elle dort. Mais le récit n’est pas situé dans un vague passé lointain. Il est daté précisément au milieu du 17e siècle, quand Oliver Cromwell envahit et occupe l’Irlande et notamment la petite ville de Kilkenny où se trouve aujourd’hui le studio Cartoon Saloon de Tomm Moore. Dans le film, le „Lord-Protecteur“ est un méchant conquérant anglais (auquel Simon McBurney  prête sa voix) décidé à garder les femmes au fourneau, les hommes dans l’armée et les loups hors de la forêt qu’il veut raser. Son intégrisme religieux et son obsession à convertir par la force les « païens » le rapprochent des terroristes d’aujourd’hui.

Le méchant Lord-Protecteur (c) Mélusine Productions / Cartoon Saloon

C’est l’une des belles qualités du film de se prêter à des interprétations différentes, selon les connaissances et l’âge du public. Les enfants apprécieront surtout la relation de Robyn avec son père (Sean Bean) qui fait tout pour la protéger mais devra apprendre comme elle à vivre avec les loups. Et il sera obligé d’accepter que sa fille est plus forte qu’il ne le soupçonne. Mebh s’inquiète pour sa mère, absente depuis trop longtemps, qui cherche à sauver les loups menacés par l’extension de la ville.  

Il faut absolument le voir sur grand écran ! Rappelons que les Luxembourgeois sont parmi les rares en Europe à avoir cette chance, alors profitons-en !

Mebh et sa mère (c) Mélusine Productions / Cartoon Saloon

Une vraie réussite esthétique

Esthétiquement, le film est un pur enchantement. Mebh toute en rondeur et en couleurs (rousses bien évidemment) s’oppose aux traits anguleux et à la grisaille de la ville où règne l’ordre et la violence des hommes. Le lieu de la civilisation est carré, fermé par des grilles, sans perspective ni multi-dimensionnalité.

La ville de Kilkenny en 1750 (c) Mélusine Productions / Cartoon Saloon

Les habitants y vivent dans la peur constante des loups, attisée par le Lord-Protecteur pour mieux les contrôler. La forêt est en revanche un lieu magique où les fillettes gambadent en toute liberté et, sous leur forme de louves, expérimentent de façon très sensuelle les mille et une couleurs et senteurs de la nature.

Robyn (c) Mélusine Productions / Cartoon Saloon

Les wolfwalkers symbolisent le lien entre les humains et la nature que le méchant Lord-Protecteur veut absolument, et par tous les moyens, anéantir. Fait à la main, le dessin reste parfois comme inachevé, on voit les traits de crayon, parfois la page en noir et blanc avant qu’elle ne se colore. Par moments, on pense aux tapisseries moyenâgeuses. Les créateurs ont laissé libre cours à leur imagination et nous offrent un film d’une grande beauté visuelle et artistique qui a en partie était réalisé au Luxembourg.

La richesse esthétique et poétique mais aussi la vision féministe et écologique du film rappellent Princesse Mononoke, le chef-d’œuvre de Hayao Miyazaki (1997). Avec Wolfwalkers, Tomm Moore et son studio Cartoon Saloon, et avec lui Mélusine Productions, se hissent au niveau des grands studios d’animation, Ghibli donc, mais aussi Disney (première manière) et Pixar.

Wolfwalkers est disponible sur Apple TV+ mais il faut absolument le voir sur grand écran ! Rappelons que les Luxembourgeois sont parmi les rares en Europe à avoir cette chance alors profitons-en ! Parce que les loups et le méchant lord-protecteur sont plutôt impressionnants, le film ne convient pas aux très jeunes enfants mais est à recommander à partir de 7 ou 8 ans.

Wolfwalkers est disponible sur Apple TV+ mais il faut absolument le voir sur grand écran ! Rappelons que les Luxembourgeois sont parmi les rares en Europe à avoir cette chance alors profitons-en !

Le film passe actuellement en version originale anglaise et en version française. Une version luxembourgeoise sortira en mars dans les salles.

 

 

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