14e Luxembourg City Film Festival : Des films et des rencontres

Du 29 février au 10 mars aura lieu le 14e Luxembourg City Film Festival. Si le programme n’est pas encore tout à fait complet, la très grande majorité des films sont maintenant connus et la billetterie vient d’ouvrir.

Sur une durée d’à peine onze jours, du 29 février au 10 mars, le Luxembourg City Film Festival proposera près de 70 longs métrages, sans compter les courts, la programmation Jeune Public et les œuvres en réalité virtuelle installées à Neimënster. Il y a donc de quoi avoir le tournis et se demander quoi voir, entre les compétitions officielles (fiction et documentaire), les films projetés hors compétition, ceux choisis en collaboration avec de multiples partenaires et les (co)productions luxembourgeoises. S’y ajoutent les masterclass, workshops et autres événements divers et variés – parmi lesquels une conférence sur le rôle des femmes dans la critique de films – dont certains s’adressent aux professionnels, mais d’autres sont susceptibles d’intéresser le grand public.

En matière de présence féminine, le Luxfilmfest fait un parcours sans faute puisqu’il respecte une égalité stricte dans la compétition des films de fiction et affiche même six films sur huit réalisés par des femmes dans la compétition documentaire. Le jury chargé de la compétition fiction rassemble trois femmes et deux hommes dont le président Ira Sachs. Le réalisateur américain, très engagé dans la mouvance LGBT+, est notamment connu pour Love is Strange dans lequel John Lithgow et Alfredo Molina jouent un vieux couple homosexuel forcé de se séparer temporairement, et plus récemment Passages, sur la relation tourmentée entre deux hommes (Ben Wishaw et Franz Rogowski) et une femme (Adèle Exarchopoulos). Sachs sera accompagné par l’acteur allemand Sebastian Koch (Speer und Er, Black Book, Das Leben der Anderen), la scénariste française Nathalie Hertzberg (Le procès Goldman, Pachamama), la productrice, également française, Marianne Slot qui a notamment produit tous les films de Lars von Trier depuis trente ans, et la Luxembourgeoise Vicky Krieps.

Vicky Krieps dans The Dead Don’t Hurt (c) Talibot Studio/Recorded Picture Company/Perceval Pictures

Vicky Krieps sera par ailleurs l’une des personnalités phares de ce 14e Luxfilmfest. Elle est à l’affiche du très attendu The Dead Don’t Hurt réalisé par Viggo Mortensen, qui sera présenté lors de la soirée de remise des prix, et le 10 mars, elle conversera avec l’écrivaine Tracy Dawson au Casino.

Une autre grande figure du festival sera le réalisateur chinois Wang Bing. Il est l’auteur du documentaire Jeunesse, présenté en tant que coproduction luxembourgeoise (Les Films fauves), dans lequel il ausculte le monde du travail en filmant de jeunes ouvriers et ouvrières dans l’industrie du textile chinois. Il animera une masterclass le 2 mars et c’est également lui qui signe l’exposition Memories organisée au Rathskeller (9 février au 14 avril) dans le cadre du festival et qui sera complétée par une mini-rétrospective à la Cinémathèque.

Le troisième invité d’honneur est le très sulfureux Gaspar Noé dont Irréversible (2002), avec Monica Bellucci et Vincent Cassel, est resté dans les annales en raison de deux séquences particulièrement éprouvantes. Depuis, Noé s’adonne à un cinéma qu’on peut qualifier de psychédélique, immersif et mystique, voire hypnotique (au sens premier du terme !), dans lequel le sexe joue souvent un rôle non négligeable, ce qui lui vaut à chaque fois des polémiques. Love (2015) contient ainsi des scènes pornographiques et une éjaculation visant les spectateurs… filmée en 3D. Sa masterclass au Luxfilmfest sera animée par Philippe Rouyer, grand spécialiste du cinéma qualifié de « mauvais genre » (pour reprendre le titre d’une émission à laquelle il participe sur France-Culture).

Lettres de Drancy (c) East City Films

Le Pavillon Réalité Virtuelle (29 février au 17 mars) est organisé pour la septième fois par le Film Fund à Neimënster et présentera dix œuvres en compétition, parmi lesquelles on citera Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin d’après le livre de Tania de Montaigne, et Lettres de Drancy qui raconte le parcours de vie de Marion Deichmann. Fuyant l’Allemagne dans les années 1930, elle s’était d’abord réfugiée au Luxembourg avant d’en être expulsée en 1940 avec sa mère. Cette dernière sera assassinée à Auschwitz. Aujourd’hui âgée de 91 ans, Madame Deichmann sera présente pour une rencontre avec le public.

Quels sont les films à ne pas rater au 14e Luxfilmfest ? (petite sélection très subjective)

Evil Does Not Exist de Ryusuke Hamaguchi (Fiction Hors compétition)

Evil Does Not Exist (c) Neopa Inc.

La construction d’un « camping glamour » dans un parc naturel risque de polluer l’eau qui fait vivre un petit village japonais depuis des siècles.

Pourquoi le voir ? Parce que le réalisateur Ryusuke Hamaguchi est l’auteur de Drive My Car qui a rencontré un succès inattendu en 2022, mais encore davantage parce qu’il a aussi réalisé le très beau, bien que moins connu, Contes du hasard et autres fantaisies. Et parce qu’il est l’un des rares dans ce festival à s’intéresser à notre rapport à la nature. Enfin, la plupart de ceux qui l’ont vu à Venise où il a remporté le Grand Prix du jury, sont d’accord pour dire qu’il s’agissait de l’un des plus beaux films de la compétition vénitienne.

Hollywoodgate d’Ibrahim Nash’at (Compétition documentaire)

Hollywoodgate (c) Rolling Narratives

Après le retrait des Etats-Unis d’Afghanistan en 2021, les taliban occupent une ancienne base de la CIA à Kaboul. Ils invitent le journaliste égyptien Ibrahim Nash’at à suivre pendant un an deux de leurs officiers.

Pourquoi le voir ? Parce que le réalisateur égyptien Ibrahim Nash’at nous fait découvrir le régime et le quotidien des taliban de l’intérieur.

Die Anhörung / The Hearing de Lisa Gerig (Documentaire hors compétition)

Die Anhörung (c) Ensemble Film GmbH

La réalisatrice fait rejouer à des demandeurs d’asile leurs interrogatoires par des fonctionnaires, ceux-ci se jouant également eux-mêmes. Puis elle les fait échanger leurs rôles.

Pourquoi le voir? Parce que le film thématise l’accueil administratif des demandeurs d’asile, la méfiance qui leur est opposée, et les critères pas toujours transparents qui font que les uns sont acceptés et les autres non. La réalisatrice mène ainsi une réflexion politique sur le concept même de la procédure d’asile et les a priori des uns et des autres.

Le Royaume de Kensuké de Neil Boyle et Kirk Hendry (Films made in Luxembourg)

Le Royaume de Kensuké (c) Mélusine Productions

Un jeune garçon naufragé sur une île apparemment déserte découvre un soldat japonais qui vit là depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et défend avec lui l’île contre de dangereux envahisseurs.

Pourquoi le voir ? Parce que Mélusine Productions coproduit depuis des années des films d’animation d’une rare qualité et que celui-ci ne semble pas faire exception. Et parce que le film s’adresse aussi bien aux enfants (à partir de 7 ans) qu’aux adultes et que c’est la plus belle manière de partager une expérience festivalière.

Hoard de Luna Carmoon (Compétition Fiction)

Hoard (c) Delaval Film/Erebus Pictures/Anti Worlds

La petite Maria et sa mère vivent dans un monde à part fait de poubelles et de déchets. Dix ans plus tard, un homme plus âgé ouvre à Maria la porte de traumatismes passés.  

Pourquoi le voir ? Parce que le résumé et les critiques très discordantes laissent présager un film à la fois original, troublant et choquant sur une relation mère-fille hors du commun.  

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