14e Luxembourg City Film Festival 2 – Echos

La transmission et l’enfance sont des thèmes primordiaux dans le beau documentaire El Eco de Tatiana Huezo, présenté en compétition documentaire ce vendredi.

Premier film présenté dans la compétition documentaire, El Eco est réalisé par la cinéaste mexicaine Tatiana Huezo, déjà remarquée au Luxfilmfest en 2021 avec son magnifique film (de fiction) Noche de Fuego / Prayers for the Stolen dont la protagoniste était une fillette grandissant dans un village en proie aux cartels. Avec El Eco, elle revient au genre documentaire qui l’avait fait connaître.

El Eco (c) Radiola Film

Dans ce nouveau film, on retrouve les paysages de Noche de Fuego mais la violence reste ici à l’arrière plan. Le projet de Tatiana Huezo est cette fois à la fois plus modeste et plus ambitieux : documenter l’enfance, saisir des moments éphémères, les premières fois, la construction d’une personnalité, l’apprentissage. Elle a donc décidé de suivre, sur une année entière, plusieurs familles vivant dans un petit village mexicain. Les hommes ne sont presque pas présents, ils travaillent ailleurs et ne reviennent que rarement. Toute la charge, à la fois du ménage, des fermes et des enfants, repose donc sur les femmes qu’on voit abîmées par le travail et parfois découragées. Les enfants grandissent entourés et protégés mais apprennent très tôt à participer aux différentes tâches, qu’il s’agisse de garder ou d’égorger les moutons, d’aider aux récoltes ou de s’occuper des plus petits. Ils vont aussi à l’école et enseignent à leurs cadets ce qu’ils viennent d’apprendre. La transmission de la culture, du savoir, des traditions, et ce qu’en font les générations suivantes (d’où le titre), est un thème primordial dans le film.

Tatiana Huezo excelle à filmer les relations entre les personnages mais aussi avec la nature. L’image et la bande son viennent renforcer ce lien omniprésent avec le monde naturel, en conférant aux paysages et aux animaux une personnalité propre, à égalité avec celle des humains. La caméra est toujours au plus près des protagonistes, attentive à nous donner à voir toutes les nuances qui passent sur les visages. Par un cadrage et une lumière très étudiés, le directeur de la photo Ernesto Pardo réussit de superbes portraits. Le film s’attarde surtout sur les fillettes qui sont très tôt responsabilisées dans cette société encore passablement machiste. Un père interdit ainsi à son fils de ranger son assiette après le dîner car c’est aux filles de le faire, alors que sa femme, non sans malice, lui propose d’échanger leur travail afin que chacun respecte davantage celui de l’autre. C’est là que, derrière l’image d’Epinal apparente, se devinent les fissures. Quand l’une des filles veut devenir institutrice mais que sa famille ne peut pas payer ses études. Ou quand une autre veut participer à une course de chevaux alors que sa mère l’interdit.

Il faut plus d’une heure avant qu’on ne voie apparaître le premier téléphone portable mais le monde moderne est toujours là, en filigrane, dans les ouvriers qui partent travailler à la ville, dans les trafiquants qui abattent en cachette les arbres pour voler le bois, dans les rêves que fait naître la grande ville dans l’esprit d’une adolescente.  

Au Festival de Berlin où il a été présenté l’année dernière, El Eco a remporté le prix du meilleur documentaire (toutes sections confondues). Le film repasse ce lundi, 4 mars, à 18h30 au Ciné Utopia.

Egalement présenté ce vendredi (hors compétition), The Summer With Carmen du Grec  Zacharias Mavroeidis raconte comment deux amis gays écrivent ensemble un scénario dans lequel ils revivent – comme en écho – un été passé avec un chien nommé Carmen. L’originalité rafraîchissante du film est d’intégrer, de façon tout à fait naturelle, des scènes de nu intégral et de sexe sans jamais donner lieu aux habituels rires gras ou grivois, et ce même quand l’acteur Yorgos Tsiantoulas place de façon volontariste son derrière ou son pénis devant la caméra et le nez du public. Pour le reste – et malgré le fait qu’il s’agit d’un film dans le film qui prétend aussi disséquer les conventions scénaristiques -, The Summer With Carmen est une histoire d’amour et d’amitié sympathique mais qui manque un peu de rythme et paradoxalement d’humour. Une parodie de comédie musicale tombe totalement à l’eau et le choeur (grec) des hommes sur la plage nudiste n’est jamais vraiment exploité. The Summer With Carmen reste, au mieux, une curiosité.

The Summer With Carmen DR

Als partizipative Debattenzeitschrift und Diskussionsplattform, treten wir für den freien Zugang zu unseren Veröffentlichungen ein, sind jedoch als Verein ohne Gewinnzweck (ASBL) auf Unterstützung angewiesen.

Sie können uns auf direktem Wege eine kleine Spende über folgenden Code zukommen lassen, für größere Unterstützung, schauen Sie doch gerne in der passenden Rubrik vorbei. Wir freuen uns über Ihre Spende!

Spenden QR Code