(Viviane Thill) Après presque 10 jours, le festival est doucement en train de s’achever et de s’étioler. Ni Matthias et Maxime, dans laquelle le Canadien Xavier Dolan veut filmer le trouble naissant entre deux amis de longue date quand ils doivent s’embrasser pour un film d’étudiants – ni Roubaix, une lumière avec lequel le Français Arnaud Desplechin s’essaie au polar métaphysique, ne resteront parmi les temps forts de cette 72e édition.

Roubaix, une lumière (c) Shanna Besson / Why Not Productions
Roubaix, une lumière adapte pour la fiction un documentaire de Mosco Boucault intitulé Roubaix, Commissariat central (France 3, 2008). Le réalisateur de ce documentaire avait passé un an avec les enquêteurs d’un commissariat à Roubaix pendant lequel il avait notamment été présent lors de l’interrogatoire et des aveux de deux jeunes femmes qui avaient tué leur voisine. Desplechin dit avoir été marqué par ce documentaire mais son influence va apparemment plus loin. Un extrait du documentaire trouvé sur internet révèle en effet que Desplechin a transposé pratiquement telles quelles les paroles mais aussi les attitudes des deux meurtrières lors de l’interrogatoire. La mise en fiction lui sert à sublimer, notamment par la lumière et la musique, ce sordide fait divers pour en tirer une réflexion sur des grands thèmes tels que le Mal, la Vérité, la Culpabilité et l’Humanité. Mais n’est pas Dostoïevski qui veut, ni même Simenon. Le film souffre de personnages unidimensionnels tels que le policier catholique qui prie (en vain) pour arriver à distinguer les coupables de ceux qui ne le sont pas et le commissaire d’origine maghrébine, présenté comme la version policière d’un saint, qui devine tout et comprend tout. La dimension spirituelle – évidente dans le titre français et plus encore le titre anglais qui est Oh Mercy – paraît malhabilement plaquée sur l’enquête policière et cache les facettes plus intéressantes (également déjà présentes dans le documentaire) que sont la description d’une ville appauvrie, les méthodes, pas toujours honnêtes mais visiblement efficaces, des policiers et la misère qu’ils doivent confronter au quotidien.

La belle époque (c) Les Films du Kiosque – Pathé Films – Orange Studio
Face à des films en compétition sentencieux et pour remédier à la déprime qui guette le festivalier en fin de course, rien de tel pour le moral que de se relâcher devant une comédie populaire réussie. L’année dernière, on avait découvert sur la Croisette Le grand bain, cette année, la petite perle dans les films sélectionnés hors compétition s’intitule La belle époque et est signée Nicolas Bedos. Daniel Auteuil, en grande forme, y interprète Victor, un sexagénaire grincheux qui déteste les nouvelles technologies, méprise son fils qui crée des séries pour tablettes et se trouve mis à la porte par sa femme Marianne (Fanny Ardant), une psychologue qui couche avec son ancien meilleur ami. Grâce à un ami de son fils, qui organise des soirées à thème historique (façon Carlos Ghosn à Versailles), il va se retrouver en 1974, l’année où il a rencontré et est tombé amoureux de Marianne. C’est un film très drôle et réellement touchant sur le temps qui passe et son effet sur l’amour (thème fort présent à Cannes cette année), mais aussi sur le cinéma, le rêve et la réalité, excellement écrit et interprété à l’avenant par Daniel Auteuil, Fanny Ardant, Guillaume Canet et Doria Tillier, avec en prime un brin de nostalgie pour les années Giscard (celles des R16, des pattes d’éléphants et des bistrots enfumés).
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