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Patrimoine féodal et fortifié au Grand-Duché de Luxembourg
Exemples d’aménagements conçus et réalisés entre 2010 et 2020 par le Service des sites et monuments nationaux, éd. p. le Service des sites et monuments nationaux, Luxembourg, 2020, 103 p., 22 €.
Le Service des sites et monuments nationaux (SSMN) présente douze exemples de châteaux forts médiévaux ou de fortifications de l’époque moderne qu’il a fait rénover au cours des dix dernières années. Il s’agit des châteaux du Mont Saint-Jean à Dudelange, de Brandenbourg, de Clervaux, d’Esch-sur-Sûre, de Bourscheid, de Beaufort, de Koerich, de Bourglinster et de Vianden ainsi que des fortifications du plateau du Rham, du fort Rumigny au Fetschenhof et de la Hielpaart au Pfaffenthal à Luxembourg-Ville. Chaque site est présenté avec une page de texte et cinq à neuf pages de photos. Une notice technique renseigne sur les agents du SSMN ainsi que les bureaux d’architecte et d’ingénieur en charge du projet, tout comme sur son coût.
Les interventions du SSMN étaient de nature très différente, mais souvent profondes : à Dudelange et Brandenbourg, il s’agissait de rendre les sites accessibles aux visiteurs ; sur le plateau du Rham, les tours de la Wenzelsmauer furent partiellement reconstruites et les fortifications modernes remises en évidence ; au Fort Rumigny et à la Hielepaart furent aménagés des bureaux et des transformations postérieures au démantèlement réduites à l’état original ; au château de Bourscheid, la maison de Stolzembourg reconstruite dans les années 1970 fut équipée d’une cuisine, de sanitaires, d’un chauffage, d’un ascenseur, etc. Au château de Bourglinster, rien moins qu’« une redéfinition complète de l’identité architecturale […] fut de mise ».
Les photos mettent bien en valeur les sites et les interventions architecturales lors des travaux de rénovation. Vu leur limitation à une page, les textes, non signés, ne font que résumer succinctement l’historique des bâtiments en question, les défis auxquels les restaurateurs se voyaient confrontés et les solutions trouvées. Le livre est donc davantage un « beau livre » servant à justifier les mérites du SSMN qu’une présentation historique des châteaux et fortifications emblématiques du pays.
Ce choix reflète malheureusement la politique du SSMN. Sa mission se limite à consolider et mettre en valeur le patrimoine historique d’après des critères esthétiques et pour les besoins du tourisme, mais sans répondre aux besoins d’une approche historique. Ainsi pour pratiquement aucun des sites présentés, il n’existe une documentation relatant le résultat de fouilles archéologiques et de l’analyse du bâti historique (Bauforschung) que pourraient consulter les chercheurs. Où peut-on lire le résultat des fouilles archéologiques évoquées à propos du château d’Esch-sur-Sûre et de celui de Koerich ? Le reproche vient encore d’être fait par le grand expert allemand Ulrich Grossmann à propos du château de Vianden, pour lequel existent au moins les publications, certes sujettes à controverse, de John Zimmer : « durch mangelhafte Dokumentation der Umbauten und die Neuvermörtelung fast aller Fugen [wurde] die Befundlage stark verunklart1». La citation de Victor Hugo – « Le passé n’est beau qu’ainsi. En ruine. » – qui ouvre la préface du directeur du SSMN, Patrick Sanavia, reflète bien la conception qui inspire les responsables du ministère et de l’administration. Une telle vue est bien celle de l’époque du romantisme, du siècle de Victor Hugo. Au 21e siècle, il existe des critères scientifiques qui devraient guider les travaux d’analyse préalable à toute restauration. Comme modèle d’une telle documentation post factum, je citerai la contribution de Thomas Lutgen sur l’église restaurée de Munshausen2. Pour l’inventaire que le SSMN est en train de constituer commune par commune, les collaborateurs/trices sont en train de rédiger des états de lieux de chaque immeuble digne de protection, mais un tel état des lieux ne remplacera pas non plus une analyse fine.
Une telle approche plus scientifique n’était pas dans les intentions du livre sous rubrique, qui a d’autres mérites. On souhaiterait au contraire une publication parallèle pour le domaine des maisons bourgeoises et une autre pour celui des fermes rurales restaurées par ou avec l’aide du SSMN. Diffusées à bon prix, de telles publications pourraient aider à montrer au grand public ce qui est faisable même dans un immeuble classé monument historique afin de contrer la pression des intérêts de propriétaires immobiliers et de promoteurs n’ayant aucune sensibilité pour la valeur sociale du bâti historique. mp
- G. Ulrich GROSSMANN, « Burg Vianden », dans Simon MATZERATH et Guido VON BÜREN (éds.), Steinerne Macht. Burgen, Festungen, Schlösser in Lothringen, Luxemburg und im Saarland, Regensburg, Verlag Schnell + Steiner, 2020, p. 330-341, 333.
- Thomas LUTGEN, « Neue Erkenntnisse zur Baugeschichte der mittelalterlichen St. Hubertuskirche in Munshausen », dans Hémecht 70/3 (2019), p. 329-350.
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