Faktuell 41

Le racisme n’a pas de couleur

Le racisme et les discriminations ethno-­raciales au Luxembourg. Tel est le titre d’une étude que le ministère de la Famille et de l’Intégration avait commanditée auprès du Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (LISER) et du Centre d’étude et de formation interculturelles et sociales (CEFIS) après les vives émotions suscitées par la mauvaise note attribuée au Grand-Duché par l’étude européenne Being Black in the EU. L’étude, qui vient d’être présentée, comporte entre autres une enquête qualitative auprès de 139 acteurs du terrain et un volet quantitatif qui reprend les questions de Being Black in the EU1. Le cadre de cette modeste rubrique nous permet seulement de retenir trois aspects.

1) Le racisme idéologique est relativement rare au Luxembourg. 4,3 % des résidents établissent une hiérarchie entre les races. Paradoxalement, c’est pour les personnes s’identifiant elles-mêmes comme noires que ce taux est le plus élevé avec 10,6 %. Ce taux est sensiblement plus faible que chez nos voisins, où il s’élève dans des études similaires à 9 % en France, voire à 32 % en Belgique.

2) L’absence de discours ouvertement racistes dans l’espace public et politique n’empêche pas que les discriminations ressenties ou vécues soient nombreuses, au point que les auteurs y voient un phénomène sociétal récurrent : près de la moitié des personnes interrogées sont d’avis que « les discriminations fondées sur la couleur de peau (48,3 %), la méconnaissance de la langue luxembourgeoise (48,8 %), l’origine présumée (40,4 %), les signes culturels distinctifs (47,6 %) sont plutôt ou très répandues au Luxembourg ». Ce ressenti est le plus fort chez les personnes de couleur noire et les personnes nées au Portugal.

Les discriminations subies sont plus ou moins fortes selon le groupe d’appartenance. Le tableau compare la fréquence des discriminations vécues par les personnes nées au Luxembourg avec celle de trois groupes à risques : les personnes qui s’identifient comme musulmanes ou noires et les immigrés subsahariens. Lors de la recherche d’un logement par exemple, 13,7 % de l’ensemble des personnes interrogées ont vécu une discrimination. Ce taux est significativement plus élevé chez les ressortissants de l’Afrique subsaharienne (38,2 %), les personnes de couleur noire (35,1 %), les musulmans (32,0 %), les ressortissants de pays non européens (27,1 %), les personnes nées au Portugal (25,6 %) et les 35‐54 ans (18,6 %). Les personnes les moins discriminées sont celles nées au Luxembourg (7,2 %).

3) Un chapitre, dont nous avons emprunté le titre pour cette contribution, met en garde contre « une vision binaire des comportements racistes et discriminatoires », opposant « d’une part, les auteurs luxembourgeois blancs et de l’autre, des victimes d’origine étrangère de couleur ». En réalité, des attitudes de repli et de distanciation, des conflits et des préjugés existent entre toutes les communautés. Ou comme le formule un représentant d’une association de défense des personnes racisées : la victime ne se soucie pas de la nationalité de son agresseur. « Il faut que nous changions les choses ensemble, toute la société. »  

  1. https://tinyurl.com/RacismeLux2022 (dernière consultation : 27 avril 2022). Le volet quantitatif se démarque d’autres sondages par la taille de l’échantillon (N = 2.949) et la qualité de sa construction.

Als partizipative Debattenzeitschrift und Diskussionsplattform, treten wir für den freien Zugang zu unseren Veröffentlichungen ein, sind jedoch als Verein ohne Gewinnzweck (ASBL) auf Unterstützung angewiesen.

Sie können uns auf direktem Wege eine kleine Spende über folgenden Code zukommen lassen, für größere Unterstützung, schauen Sie doch gerne in der passenden Rubrik vorbei. Wir freuen uns über Ihre Spende!

Spenden QR Code