La Chambre de commerce et la Chambre des salariés sonnent l’alarme. Ils constatent dans leurs avis sur le Projet de loi modifiant le Code de la sécurité sociale qu’une modification des missions de l’Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) risque de rendre plus difficile l’accès aux statistiques. Et la Chambre de commerce d’énumérer quelques domaines: «chiffres précis relatifs au niveau des salaires, à la composition démographique de la population, à la situation de l’emploi, à la formation professionnelle, à l’état de santé de la population entière, etc .1»
Cette réforme ne ferait qu’entériner une nouvelle pratique de l’IGSS qui consiste à priver les acteurs de la recherche, comme l’université ou le LISER, des données de bases pour leurs analyses.2 Ainsi des études faisant appel aux données administratives de l’IGSS, dûment anonymisées, ne pourront dorénavant plus se faire. Comme par exemple l’analyse sur la mobilité résidentielle récemment publiée par Birte Nienaber et Isabelle Pigeron3 qui nous apprend que 3% des frontaliers ont la nationalité luxembourgeoise et présente une analyse détaillée des mobilités résidentielles.
Le graphique ci-dessous est basé sur une comparaison des lieux de résidence des personnes travaillant au Luxembourg au début et à la fin d’une période de trois ans en commençant par celle de 1995-1998. La barre de gauche montrant les résidents qui ont quitté le Grand-Duché, celle-de droite les résidents qui sont venus s’y installer. (Les Luxembourgeois sont représentés en bas de chaque barre, les non-nationaux en haut.) La comparaison de six périodes triennales consécutives permet de rendre compte de l’évolution dans le temps. La tendance des résidents, et aussi des Luxembourgeois, à s’expatrier semble freinée, tandis que la tendance des frontaliers à se rapprocher de leur lieu de travail en s’installant au Grand-Duché ne fait qu’augmenter. Voilà une seule conclusion générale de cette étude qui contient de nombreux autres enseignements, p.ex. sur le profil des différentes mobilités, sur les lieux de destinations etc.
La contribution citée ne se limite pas au volet statistique. Une étude monographique sur Perl montre que le nombre de Luxembourgeois y a explosé depuis l’achèvement de l’autoroute en 2003. Moins de deux cents en 2000, ils constituent début 2015 avec un effectif de 1800 personnes 20% de l’ensemble de la population de la petite commune frontalière allemande. Des entretiens menés pour déceler les motifs des déménagements rélèvent que ce chiffre est largement sous-estimé au vu des nombreux Luxembourgeois «clandestins» qui gardent, pour diverses raisons administratives, leur résidence officielle au Grand-Duché.
1. Projet de loi modifiant le Code de la sécurité sociale. Voir sur www.chd.lu sous le numéro de dossier 7004.
2. Peter Feist. « Da könnte ja jeder kommen. » d’Lëtzebuerger Land 24.11.2017.
3. Nienaber, Birte and Pigeron, Isabelle. « Cross-border residetial mobility of people working in Luxembourg: Development and impacts. » In: E., Boesen & G., Schnuer (Eds.), European Borderlands – Living w
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